Atlas des pays arabes : un monde en effervescence

Recension rédigée par Henri Marchal


            Un questionnement prospectif guide dans cet ouvrage la réflexion de l’auteur qui est connu comme un fin connaisseur du monde arabo-musulman. Son aperçu géopolitique s’appuie sur des cartes, des infographies et des chronologies inédites (attribuées à Claire Levasseur) pour exprimer, après le Printemps arabe,  les données actuelles sur les peuples et les territoires qui composent le monde arabe. Le sous-titre – Un monde en effervescence – souligne combien le changement et l’incertitude pèsent sur l’avenir de cette région et influent sur la donne géopolitique internationale.

            En annexe, des fiches informent sur les 22 pays de la Ligue arabe ; des index thématiques et géographiques donnent au lecteur d’utiles repères ; une bibliographie lui donne la possibilité d’en apprendre davantage.

            L’atlas se développe autour de six thèmes consacrés successivement à : Pays arabes, passé et présent ; Pouvoir et politique ; Guerre et paix ; Peuples et sociétés ; Economie et développement ; Evolution et révolution.

            Les peuples arabes veulent renouer avec une identité musulmane qui est ancrée dans une histoire vieille de quatorze siècles pendant lesquels religion et politique n’ont cessé de se mêler. Dans leur diversité, les régimes politiques restent marqués par les habitudes du passé qui concourent à une réislamisation des sociétés arabes et à un recul des forces séculières. Depuis plus d’un demi-siècle, l’instabilité règne dans un monde travaillé par l’islamisme. Le drame palestinien nourrit un ressentiment exacerbé par sa durée tandis que la rivalité plus que millénaire des sunnites et des chiites entretient la violence. Si les individus se reconnaissent dans une identité commune, des problèmes surgissent par rapport aux minorités ethniques (berbères, kurdes) ou religieuses (coptes, maronites). La disparité des ressources et des richesses crée de grands écarts dans les niveaux de vie entre les pays du Golfe et les autres. Certains trouvent une compensation dans le secteur touristique dont l’apport est maintenant menacé par l’insécurité. Un réel facteur de développement se concrétise dans la finance islamique.

            Les événements qui agitent le monde arabe depuis la révolution tunisienne en 2011 ont brouillé le tableau. Après l’euphorie du moment révolutionnaire, on s’attendait à une libération des peuples et à une ouverture démocratique (qui a pu être préservée en Tunisie). Or, si le désir de liberté des peuples s’est ouvertement manifesté, il s’est accompagné de conservatisme et de traditionalisme.

            Quel visage aura ce monde arabe en crise dans les années futures ? Faut-il céder à l’inquiétude ? Mathieu Guidère garde espoir et estime qu’une reconfiguration du monde arabe émergera sous la pression de la communauté internationale en apportant le développement économique, social et culturel sous réserve du respect des libertés civiles, des droits des femmes et des minorités.

            Avec lui, faisons confiance à l’avenir, après la lecture de cet excellent ouvrage qui, dans sa clarté didactique, donne les clés nécessaires pour comprendre les profonds changements en cours.                                                                                                         



 
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