Des voyages vers l'inconnu entre 1630 et 1880

Recension rédigée par Yves Boulvert


            Dans ce petit ouvrage, Florence D’Souza rassemble sept contributions d’universitaires sur le thème de la représentation Des voyages vers l’inconnu entre 1630 et 1880. On n’y trouvera pas de récits de voyages mais divers thèmes de réflexions savantes à leur sujet.

            M. Harrigan analyse l’appréhension textuelle de l’altérité à partir de la relation de voyage du corsaire français F. Cauche (1651) à Madagascar. F. McIntosh-Varjabédian s’intéresse à la comparaison des deux récits du médecin lyonnais protestant Spon et de l’anglais Wheler qui ont parcouru ensemble, entre 1674 et 1676, l’ancienne Grèce, « victime amnésique de sa propre grandeur ». Après des siècles d’occupation ottomane, tous les deux sont frappés de « l’ignorance des populations locales » par rapport à leur passé, ignorance particulièrement sensible lorsqu’ils ont ré identifié le site de Delphes, alors oublié.

            A.G. Weber s’interroge dans « l’inconnu des voyageurs » sur l’évolution des critères de scientificité et de littérarité dans le récit de voyage, « le voyageur rend l’inconnu connu … et d’une certaine manière rend le connu inconnu ». Florence D’Souza, à partir de la relation du voyage en Inde, dans la vallée du Gange, du peintre officiel anglais W. Hodges qui illustre son récit de gravures et de dessins exécutés sur place, confronte ses trois approches : celle du peintre, de l’historien et du proto-anthropologue.

            C. Thompson se demande si l’on peut parler d’« exploratrices » aux 18e-19e siècles, à une époque où « presque toutes les personnes qui se lançaient dans des enquêtes scientifiques étaient des amateurs, plutôt que des professionnels ». M. Graham herborisa au Chili, M. Riddell releva la faune et la flore de l’île d’Antigua, S. Bowdich accompagna son époux au Ghana, et en Gambie, éditant en la complétant l’œuvre de son mari défunt.

            C’est aux représentations visuelles de l’autre et de l’ailleurs que se consacre C. Lehni à partir du cas de G.A. Hoskins, antiquaire britannique dans le désert libyque où il fut – il est vrai – précédé par W.G. Browne dès 1793 puis par F. Cailliaud en 1818. Toujours en Egypte, M. Rolland traite de la cinquantaine d’officiers américains recrutés par le Khédive de 1868 à 1880, les Etats-Unis, au XIXe siècle, n’ayant pas dans cette région de visées impérialistes. Si leurs expéditions ne manquaient pas d’ambition, il paraît cependant osé d’écrire que, parmi les grands explorateurs et cartographes de la fin du XIXe siècle, « Ch. Chaillé-Long et R. Colston sont les égaux de Speke et Burton » !

Les sept réflexions engagées dans cette courte anthologie mettent en évidence les stratégies déployées par les écrivains voyageurs pour rendre compte de l’inconnu et « la panoplie de voies pour l’étudier ». Les « voyages vers l’inconnu » font toujours rêver !                                                                                                

Remarques et corrigenda pour l’auteur et l’éditeur

p. 10 : Charles Chaillé-Long (voir p.16)

p. 15 : oasis de Kharga (écrit plus bas dans la même page, Khargah)

p. 16 : M.R. de l’Université du littoral

p. 85 : « Les îles Tahiti découvertes par Cook » (en 1769). Il y avait été précédé par Wallis en 1767 et Bougainville en 1768.

p. 126 : Le « Français Frédéric Cailliaud » (cf. Y. Boulvert : Notice F. Cailliaud, p. 159 à 165 in Hommes et Destins, tome XI, 2011). Il y avait été précédé dans l’oasis d’El Khârga (Charjé) dès 1793 par l’Ecossais W.G. Browne.

 



 
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