Sur le chemin des étoiles : navigation traditionnelle et peuplements des îles du Pacifique

Recension rédigée par Virginie Tilot de Grissac


Cet ouvrage synthétise la connaissance actuelle sur la navigation traditionnelle des populations des îles du Pacifique et la progression de l’occupation de cet océan avec en outre la preuve de contacts occasionnels avec l’Amérique du Sud.

Cet ouvrage de grand format aborde de nombreuses thématiques et les présente de manière approfondie et pédagogique avec le support de nombreuses illustrations, des documents d’archives issus des récits de grands navigateurs, des schémas et des cartes.

L’auteur retrace tout d’abord l’histoire du peuplement de cette région et discute les différentes hypothèses considérées sur l’origine des populations, le continent Mu, les amérindiens de l’est, et bien d’autres, pour reconnaître finalement que leur arrivée s’est faite depuis le sud-est du continent asiatique.

Les chapitres suivants s’interrogent sur la raison de ces migrations maritimes, le hasard, la volonté, voire des raisons écologiques et la surpopulation de certaines îles.

Ensuite, deux chapitres sont consacrés aux embarcations et à leurs capacités maritimes, les radeaux, les pirogues doubles de grande dimension pour le large et les petites pirogues à balancier pour le lagon et la proximité des îles. De nombreux plans et dessins illustrent cette partie et les expéditions récentes reproduisant certains modèles sont présentées, avec leurs objectifs, les forces et les faiblesses de certains projets dont certains cherchaient à prouver que ce n’était pas possible. Les équipements de bord dont certains retrouvés dans des fouilles archéologiques sont aussi présentés en détail : rames ou pagaies, voiles, écopes.

Un long chapitre examine toutes les étapes de la construction des embarcations, des choix du bois, du traitement des troncs, de leur découpe, des tressages des voiles, des cordages, le tout réalisé par des artisans spécialisés formant un groupe spécifique reconnu dans la société insulaire.

La partie suivante détaille les méthodes de navigation, un art disparu, qui ne comportait pas d’instruments, mais se basait d’une part sur les étoiles et d’autre part sur des considérations écologiques : vent, courants, température des eaux, présence de certaines espèces comme les oiseaux ou les baleines à certains sites ou durant certaines périodes et des connaissances météorologiques leur permettant de prévoir les conditions de navigation jusque trois jours en avance. Les maitres navigateurs passaient leurs connaissances, le plus souvent à l’intérieur d’une même famille, au cours d’une longue formation. Leur statut était un des plus haut après les dirigeants des peuples du Pacifique. Suivant le chemin tracé par les étoiles, ils ont été la raison du succès de cette exploration du plus vaste océan de notre planète, ayant occupé l’espace et ouvert des routes maritimes de l’Asie du Sud-Est à l’île de Pâques et même jusqu’aux rivages du continent sud-américain.

Enfin un des derniers chapitres retrace avec de nombreuses cartes le parcours commencé il y a plus de trois millénaires d’un petit groupe de marins originaires du Sud Est asiatique, aujourd’hui la Mélanésie, pour arriver aux Tonga et aux Samoa il y a deux mille ans environ avant de rejoindre la Polynésie.

L’auteur, au terme de cet ouvrage, nous a transmis sa fascination pour le génie des hommes de cet espace et la qualité de leur tradition maritime, saluant un exploit unique dans l’histoire de l’humanité. Il rappelle que « pour les Occidentaux la mer est un obstacle, elle est synonyme de danger, tandis que pour les Polynésiens, elle est un outil de communication ».