Histoire de l'écriture romanisée du vietnamien (1615-1919)

Recension rédigée par Guy Lavorel


Ce livre est le fruit d’une thèse. Comme l’explique dans sa préface le Professeur Dan Savatovsky, c’est un ouvrage de grande importance pour la connaissance du vietnamien et de son écriture. Les dates choisies sont justifiées : 1615, implantation des premiers jésuites en Cochinchine - 1919, dernier concours de recrutement des mandarins à la Cour de Hué. Il s’agit donc de nous montrer l’histoire de cette écriture en fonction des époques et de ceux qui en ont été les responsables.

C’est un ensemble de très grande richesse par le soin apporté à présenter tous les moments de cette prodigieuse évolution. On remarque d’emblée la multitude des détails puisés dans des lectures de documents et archives révélateurs et indispensables pour comprendre et juger ce phénomène qui a vu une langue adopter un système romanisé, contrairement à la quasi-totalité d’autres langues asiatiques.

Le livre comporte six parties suivies d’une bibliographie conséquente, d’index, et d’annexes. Le plan adopté permet d’associer une étude linguistique à la chronologie :

1.      La description des langues du monde. Il s’agit de montrer la grammatisation des langues et en particulier le rôle des missionnaires, notamment les Jésuites.

2.      La transcription du cochinchinois (1615-1631).Grammatisation du vietnamien, transcription des tons, des rimes et des consonnes, et choix des graphèmes.

3.      La transcription du tonkinois. Présentations des divers rapports avec les années 1630-1634, années charnières.

4.      Le système vocalique dans le Dictionarium de Rhodes (1651) et la standardisation de l’orthographe.C’est l’importance du précurseur, Alexandre de Rhodes et l’analyse des transcriptions.

5.      L’écriture romanisée à l’époque des Missions Étrangères de Paris (1658-1858). Implantation des congrégations - installation des collèges et rôle des missions étrangères, notamment en linguistique.

6.      L’écriture quốc ngữ à l’époque coloniale. Histoire de l’installation du quốc ngữ, son statut et les conséquences.

Cette étude riche est particulièrement intéressante, bien documentée et précise sur une histoire essentielle concernant une spécificité du vietnamien face aux autres langues asiatiques soumises au pouvoir culturel de la Chine.

On comprend avec l’auteure combien les missionnaires français ont eu à cœur de rapprocher les cultures française et vietnamienne, permettre une meilleure alphabétisation et donc la connaissance, au profit du plus grand nombre des Vietnamiens.