Les relations Église-État au prisme de l'enseignement catholique au Sénégal ...

Recension rédigée par Paul Coulon


C’est une thèse brute de décoffrage que les éditions de l’Harmattan nous livrent, suivant leur habitude, sans aucune mise en pages, sinon celle fournie par l’auteur sur sa clé USB, et on peut le regretter car ce travail nous donne une très bonne synthèse de l’histoire de l’enseignement catholique au Sénégal depuis 1819, c’est-à-dire depuis les tout débuts de la rencontre entre les Français (marins, commerçants, militaires, administrateurs, missionnaires) et la côte occidentale de l’Afrique, dans le territoire qui allait devenir le Sénégal, colonie puis État indépendant.

Histoire, tout au moins dans ses deux premières parties (p. 27-156, 157-264), l’importante troisième partie (p. 265-360) étant consacrée à des « propositions pour une meilleure collaboration éducative entre l’Église et l’État au Sénégal », ce qui ne saurait surprendre puisque l’auteur, prêtre du diocèse de Thiès, y a occupé d’importantes fonctions ecclésiastiques, notamment celles de Vicaire épiscopal chargé du temporel et de directeur de l’Institut Supérieur d’Administration des Entreprises, institut universitaire créé par le diocèse et affilé à l’Université Catholique de l’Afrique de l’Ouest (section de Ziguinchor) : impossible, dans chacun de ces postes, de ne pas se sentir concerné (et même passionné, dit le préfacier) par tout ce qui touche à l’enseignement.

Les spécialistes, et surtout les Sénégalais, pourront se prononcer sur les propositions de la troisième partie. En revanche, tout le monde appréciera le panorama historique des deux premières parties consacrées à ce que l’auteur résume ainsi dans sa conclusion générale : « Notre travail a tenté de mettre en lumière, à travers un parcours historique et dialectique, l’existence d’un partenariat éducatif au Sénégal, à partir de 1819, entre d’une part l’État français, dans un premier temps, représenté par l’administration coloniale, puis l’État sénégalais par la suite, et d’autre part l’Église représentée d’abord par les missionnaires, ensuite par le clergé autochtone. »

Manifestement - et la bibliographie, p. 375-396, le montre -, l’auteur a tout lu de l’importante production imprimée (et celle qui est sur le net) concernant le Sénégal, aussi bien articles que livres. Les fonds d’archives en tant que tels semblent avoir moins été utilisés.

Au fil des pages, certains étonnements surgissent : « Madame » Brasseur (décédée en 2022 et qui avait si longtemps travaillé au Sénégal) aurait été bien étonnée de se voir citer comme « Paul Brasseur » sans le « e » de son prénom… Broutilles, par rapport à la synthèse ici présentée avec un très grand équilibre de jugement : l’abondance des notes et des références permettra à qui le veut d’aller voir de plus près.

On notera, dans la conclusion générale, neuf pages très intéressantes sur la pandémie du Covid 19 au Sénégal en 2020-2021 et sa gestion commune par l’Église et l’État, renforçant le plaidoyer « en faveur d’un partenariat constructif » que l’auteur a développé dans tout son livre pour ce qui concerne le domaine de l’éducation.