Internationaliser l'éducation : la France, l'UNESCO et la fin des empires coloniaux en Afrique ..

Recension rédigée par Josette Rivallain


Dans ce livre doté d’une riche bibliographie, d’une liste des tableaux et des figures, d’un index, se pose la question de comprendre pourquoi l’accès au savoir a constitué l’un des grands enjeux de la décolonisation car l’auteur met cette question en lien avec le processus d’internationalisation de la politique de l’éducation française en Afrique francophone entre 1945 et 1961. Dominique Matasci s’est appuyé sur de riches documentations archivistiques, mettant en lumière les relations qui se créent entre la France, d’autres puissances coloniales et l’UNESCO, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Il analyse les objectifs nouveaux particulièrement dans le cadre de l’enseignement primaire, leur mise en application dans l’Afrique française, puis les reconfigurations qui s’opèrent au moment des Indépendances, le regard sur l’histoire de l’aide au développement.

L’argumentaire s’articule en cinq chapitres, autour d’un parallèle entre éducation, niveau de vie et développement en Afrique, ainsi que sur la coopération au moment de la décolonisation et de son cheminement :

-la lutte contre l’ignorance pour permettre d’accéder à un meilleur niveau de vie, le sud colonial étant un terrain d’expertise internationale, mais aussi d’actions

-La mise ne place des Nations Unies, de l’UNESCO, avec la France et sa défense de l’Empire, l’assistance technique internationale et la coopération interafricaine

-La campagne éducative mondiale de l’UNESCO et l’Afrique coloniale, les ingérences internationales, la question d’une UNESCO africaine ?

-A l’ombre de l’international, les expériences d’éducation de base en Afrique coloniale française (1952-1956), surtout avec l’éducation de base

-La fin de l’Empire, les modes d’aide au développement (1957-1961). La coopération éducative à l’heure de la décolonisation, les prés/carrés et l’épreuve du terrain.

L’auteur a voulu dessiner les contours d’une histoire connectée de l’internationalisme et de l’impérialisme, allant vers une globalisation des mondes de l’éducation au XXe siècle. Il s’agit de resituer la place de l’Afrique coloniale dans les processus d’internationalisation à l’intérieur d’une zone particulière du monde, et de dévoiler les processus de circulation des acteurs et des savoirs éducatifs entre France, UNESCO et autres sociétés savantes et institutionnelles, et leur évolution entre 1940 et 1960. On aboutit à un contexte de grande fluidité et de grande incertitude dans les politiques éducatives à la fin de l’époque coloniale dont il faut comprendre les raisons, avec la remise en cause de la mission civilisatrice du colonialisme.

Comment dresser un bilan de la coopération internationale qui cherche à accompagner les politiques de développement mises en place par les pouvoirs coloniaux dans les années 1950 alors que naissent des idées variées sur le développement et celle d’une internationalisation de ces aides, en lien avec les autorités locales avec des missions modernisatrices s’appuyant sur des personnalités africaines assurant la continuité entre l’international et l‘institutionnel, et la période coloniale.

Certains deviennent membre de ces organismes internationaux, de la coopération française, assurant un développement au quotidien peu étudié, car l’histoire du fait colonial en matière éducative coloniale et postcoloniale se fait par le bas, menant à la nécessité de varier les échelles et les perspectives d’analyse.