Donner, comprendre, espérer, lutter : vie, heurs et malheurs d'un médecin des troupes coloniales : mémoires du Docteur Pierre Coulanges

Recension rédigée par Jacques Arrignon


Les mémoires du Docteur Coulanges ont été rédigés de 2007 à 2009. Ils portent principalement sur ses activités professionnelles avec des considérations personnelles et familiales qui leur donnent beaucoup de vie et d'humanité.

Né en 1935 dans une famille de médecins, il passe ses jeunes années à Bollène avant d'effectuer sa scolarité successivement à Toulon, à Marseille et à Bordeaux. Après des études à l'École de Santé Navale de Bordeaux, puis à l'École d'application du Service de Santé des Troupes coloniales du Pharo, il est nommé médecin de l'Assistance Médicale Africaine au Mali, dans un hôpital régional, avec une compétence territoriale assez étendue et des problèmes assez divers pour lui apporter l'expérience et l'ingéniosité des médecins "de brousse". Évacué gravement malade à Dakar, il rentre en France, décide de préparer le concours de l'assistanat et accepte en 1963 le poste de médecin chef des Kerguelen. Il donne de l'archipel ainsi que de l'île Amsterdam une vision extrêmement intéressante à bien des égards, émaillée d'anecdotes savoureuses, évoquant la vie des résidents.

Après le concours de l'assistanat, il suit le "grand cours" de bactériologie de l'Institut Pasteur de Paris, puis un cycle de travaux pratiques, avant d'être nommé, en 1968, à l'Institut Pasteur de Madagascar en virologie auprès du Professeur Brygoo, directeur. La première période malgache du professeur Coulanges (1968-1970) est abordée logiquement par une monographie assez fouillée du pays, suivie par un historique de l'Institut Pasteur de Madagascar et une relation de la vie et des travaux de l'auteur pendant cette période.

Des ennuis de santé le maintiennent en France jusqu'en 1973, année au cours de laquelle il revient en famille à Madagascar pour un second séjour qui le verra diriger l'Institut Pasteur jusqu'en 1990. Le récit est fécond en commentaires fort intéressants et très documentés sur la période révolutionnaire qui conduisit l'Île à un état très réel de décrépitude et que traversèrent parfois avec difficulté l'Institut Pasteur et son personnel. L'auteur analyse finement les problèmes d'approvisionnement, de gestion et d'administration rencontrés pendant cette période et la "gymnastique" relationnelle qu'ils requéraient. Un gros chapitre est ensuite consacré aux activités de l'Institut et leur développement, reposant sur des références et des statistiques scientifiques éloquentes concernant notamment la lutte contre la peste, la variole et le paludisme ….

Les dernières pages du document concernent des difficultés hiérarchiques qui conduisent à la démission du Docteur Coulanges après une vie hors du commun justifiant les ultimes phrases de son postfacier, P. Devys :

"Témoin des petitesses des uns, des bassesses des autres, de l'attitude révoltante de certaines institutions, l'auteur – doté d'un bel humour, d'une solide lucidité et d'une culture encyclopédique – voit la belle histoire finir tristement.

Mais, acteur de tant de grandes choses tout au long de son existence, le Docteur Pierre Coulanges, se penchant sur son passé, peut avoir raison d'être heureux d'avoir toujours suivi sa devise et son credo : donner, comprendre, espérer, lutter."

Les mémoires du Docteur Coulanges sont une mine d'informations les plus diverses dont certaines sont passionnantes ; un style clair en facilite la lecture.