La question coloniale dans le mouvement ouvrier en France : de la conquête de l'Algérie, 1830, aux indépendances africaines, 1962

Recension rédigée par Michel Levallois


            Je dois avouer que si j’ai été attiré par le titre de ce petit ouvrage, j’étais plutôt réservé sur la possibilité de traiter sérieusement un tel sujet en si peu de pages de format 16,5 x 11,5. J’étais aussi intrigué par l’audace de son auteur qui ne parait avoir à son actif qu’un ouvrage sur les bouilleurs de cru, coécrit avec un professeur de lettres honoraires publié en 1947 par Ouest-France. Jacques Le Gall a cherché à répondre à une question dérangeante pour notre mémoire nationale : « comment les partis se réclamant de la classe ouvrière sont passés d’une dénonciation majoritaire de la colonisation à sa défense, jusqu’à approuver, voire mener la répression coloniale. »

           La réponse qu’il nous donne est passionnante, car  excellent connaisseur du mouvement ouvrier, en fait des partis politiques « de gauche », il  domine son sujet et  sa plume est  agréable. En neuf chapitres, il a  balisé l’évolution qui  a commencé par une prise conscience du problème avec la conquête de l’Algérie et qui s’est poursuivie jusqu’en 1962, sur les lignes parallèles  et conflictuelles du parti communiste et de la social-démocratie. L’un et l’autre se sont ralliés à l’empire colonial et  à la répression des mouvements  revendicatifs et nationalistes, non sans conflits entre révolution et réformisme, entre justifications idéologiques et  réalités politiques. 

            Je vois ce petit livre comme une  contribution stimulante à l’histoire des idées et des politiques coloniales, regrettant seulement que les très nombreuses et précieuses citations qu’il donne ne soient pas référencées.  Mais  son auteur qui n’a pas voulu faire œuvre d’«historien professionnel »  pourra peut-être reprendre  et compléter ce premier travail.