Mémoire noire : histoire de l'esclavage : Bordeaux, La Rochelle, Rochefort, Bayonne

Recension rédigée par Josette Rivallain


Les auteurs sont des universitaires de Bordeaux, La Rochelle, Limoges, Poitiers, des conservateurs de Musées, de Bibliothèques et d’Archives. Ces douze auteurs ont mis en commun leurs connaissances et leurs réflexions pour revoir nos données, nos croyances sur l’esclavage tel qu’il a été pratiqué du XVIe au XIXe siècles entre l’ouest de l’Afrique et l’est du continent américain, notamment en Aquitaine, Bordeaux, La Rochelle en ayant été les grands ports au XVIIIe siècle. En trois parties, ce livre passe en revue plusieurs aspects de ce commerce d’êtres humains.

C’est surtout à la fin de ce siècle que le commerce triangulaire connut son apogée, à une époque où se répandaient des idées plus généreuses sur le sort des hommes à travers l’Europe occidentale, certaines règles sociales s’assouplissant. Les colons venaient en France accompagnés de noirs et de mulâtres. Toutefois les sociétés de type colonial continuaient d’imposer leurs normes ; même si, dans les faits, en nombre de lieux, homme et femmes trouvaient des parades pour les contourner et réussir à vivre selon leur entendement.

Les principaux sujets traités peuvent être présentés ainsi :

-Les auteurs cherchent à comprendre la logique du commerce triangulaire, son volume, ses points d’ancrage, qui le finance, organise les expéditions. Quels sont les ports impliqués ? Comment vit-on la traversée, et où accoste-t-on ? Comment s’organise le circuit aller/retour ?

-Il s’agit de la création d’une société de plantation, des relations maître/esclave, tout en soulignant la place des originaires du sud aquitain, leur organisation, leur origine sociale, et leur façon de gérer les situations. Qui sont les hommes et les femmes réduits en esclavage, comment vivent-ils, résistent-ils ?

Ces réflexions alimentent les débats sur la traite, notamment dans les ports du sud-ouest, alors que l’esclavage était interdit en France.

Afin de ne pas se limiter aux idées reçues et aux non-dits, les auteurs ont revisité les documents concernant la traite, les enjeux surtout actuels à son propos, ils ont repris les fonds des Archives départementales, municipales, celles des musées, des bibliothèques, les fonds privés. Ainsi, pour la fin du XVIIIe siècle, sont éclairées les activités et les expériences, des ports aquitains, de même que leurs spécificités : Bordeaux, La Rochelle, mais également Rochefort et Bayonne, les deux premiers ayant attiré le plus l’attention.

Bien que centrée avant tout sur Bordeaux et La Rochelle, cette synthèse de réflexions neuves permet d’aller au-delà du déni porté pendant longtemps sur cet aspect de leurs activités, la multiplicité des enjeux, également de libérer la parole et d’envisager de nouvelles perspectives. Ainsi les auteurs aboutissent à un travail de mémoire qui souligne l’importance patrimoniale de la traite dans cette région française, mais également à l’échelle nationale, provoquant la promulgation d’une loi, avec un impact direct sur les programmes scolaires, incitant les enseignants à traiter ce sujet qui reste sensible.