L'Afrique et l'eau

Recension rédigée par Gérard Sivilia


        L'ouvrage est le fruit d'un travail collectif conduit par les responsables africains dans le domaine de l'alimentation en eau des populations et de l'assainissement. Faire parler les acteurs de leurs difficultés, de leurs solutions et de leurs espoirs en est sa grande originalité.

            Dans sa première partie, le lecteur retrouve les données de base sur la disponibilité de la ressource en eau et sur le niveau de desserte des populations. L'eau en Afrique est capricieuse ! Trop abondante, pas assez abondante, au mauvais endroit, au mauvais moment, ce qui rappelle l'adage bien connue : la question de l'eau se réduit à un problème de stockage et de transport !

            Mais l'évolution rapide de la démographie africaine apporte d'autres facteurs aggravants et complique la réponse : un accroissement démographique qui poussera la population de un milliard d'habitants aujourd'hui à deux milliards en 2050, une urbanisation exponentielle qui concernera 60% de la population à cette date, un assainissement encore balbutiant, enfin des difficultés dans la gestion des service de desserte en eau dans un contexte de pauvreté.

            Nombreux, voire trop nombreux, sont les organismes internationaux qui ont l'eau dans leurs attributions, mais toujours à la marge. Tous les auteurs ont regretté l'absence d'une institution internationale qui serait exclusivement consacrée à l'eau et à l'assainissement.

Ce tableau explique le retard pris dans la réalisation des objectifs du millénaire en Afrique.

            C'est donc sur ces bases communes que les dirigeants et gestionnaires du secteur se sont exprimés dans la seconde partie de l'ouvrage. Ils ont su éviter le discours académique et dépasser le plaidoyer pro domo pour exposer de manière pragmatique leur expérience personnelle et en livrer les enseignements pratiques en matière de gestion des services de l'eau, de l'assainissement, de formation et de prise en compte des usagers. On regrettera cependant la trop faible place accordée à  l'hydraulique dans le monde rural.

            Les auteurs apportent des solutions propres à leur contexte national, présentent des approches parfois originales et n'affichent pas toujours les mêmes priorités. A cet égard, le livre ne se veut pas un manuel d'action ; tout au contraire, la diversité des approches est enrichissante. Elle est une source d'espoir sur la capacité des responsables africains à affronter la question de l'eau.

            Ce livre démontre, si besoin était, que les solutions ne peuvent être importées et que les responsables africains se sont approprié le sujet avec compétence et ingéniosité.