Henry de Monfreid, impossible grand-père

Auteur Guillaume de Monfreid
Editeur Glénat
Date 2017
Pages 527
Sujets Monfreid , Henry de
1879-1974

Biographies
Cote 62.098
Recension rédigée par Jean-François Turenne


Dans la collection Hommes et Océans, chez Glénat, le petit-fils d’Henry de Monfreid retrace la vie de l’illustre écrivain navigateur (1879-1974). Il reprend ses itinéraires, qu’il a vécu lui-même dans ses pas, dans son sillage devrait-on dire, et son récit   est accompagné de dessins et croquis évocateurs issus des carnets de voyage de l’auteur, lui-même architecte-urbaniste. L’ouvrage est émaillé de citations et témoignages qui rendent très proche la silhouette étonnante de l’écrivain navigateur,  négociant, aventurier, contrebandier, en mer rouge et dans la corne de l’Afrique. L’auteur puise pour cela avec bonheur dans les lettres, les journaux de bord, carnets, notes diverses, papiers d’identité, documents officiels, télégrammes, parfois dans les livres de son aïeul. Il justifie le découpage du livre en saisons et chapitres, ce qui permet effectivement un accès facile à n’importe quelle période de la vie d’Henry de Monfreid. Un des chapitres est intitulé « Ecoliers ou moussaillons, connivences exquises » : c’est bien de connivence qu’il s’agit, et tout au long de cet ouvrage, tant la relation entre l’auteur et son grand père se fait pour nous familière.

 Au travers de sa relation, l’auteur nous fait vivre Henri de Monfreid, touche à tout, également poète, écrivain, peintre, photographe, homme d’action, et nous fait partager ses expériences extrêmes. Tout comme son aïeul, il s’attache à nous faire comprendre, à décrire et transmettre aux autres la nature, la mer, la vie et la condition humaine.

Des personnalités célèbres traversent l’ouvrage : avec son héros, le lecteur croisera au passage Teilhard de Chardin sur un bateau navigant vers Djibouti pour Henri de Monfreid, vers Shanghai pour Teilhard de Chardin, ils resteront  amis, allant  jusqu’à organiser  ensemble des fouilles archéologiques en Ethiopie ; Joseph Kessel, âgé de 32 ans rencontrant en 1930 Henri de Monfreid à Djibouti, émerveillé par la lecture de ses journaux de bord  et qui l’encouragera  à relater ses souvenirs.

Le chapitre « Archives ou trésors » n’est pas le moins intéressant par ce qu’il nous révèle de la démarche de l’auteur ; un « Petit lexique  monfreidien » commence symboliquement par le mot « Liberté », comme cette liberté d’homme qui traverse tout le livre, en contact intime avec la mer, avec l’aventure.

Enfin,  le livre révèle « L’homme que j’avais connu,  (…) résultante de ses vies antérieures, colporteur, chauffeur, laitier, chimiste, éleveur de poulets, négociant en café et cuirs, contrebandier d’armes, de haschich (et même un peu de cocaïne), capitaine au long cours, affréteur, pêcheur de perles, architecte naval, transporteur, agents de renseignements, journaliste, écrivain, prisonnier de guerre, peintre, conférencier, mari, père, et grand père. Seul le tout de cet homme-là était la réalité de son être ».

Une Chronologie narrative condensée, importante et rigoureuse, termine l’ouvrage (près de 200 pages sur 500). Quatre-vingt-quinze ans de vie insérés dans une durée de 125 ans remettent en perspective la vie d’Henry de Monfreid, dont on retiendra l’ordonnancement en « Saisons » :

1- A la découverte de la liberté (1854-1914),

2- Aventures dans la tourmente mondiale (1914-1918),

3- Nouveaux horizons (1919-1927), 

4- Avis de tempête (1928-1929),

5- Petite révolution (1930-1933),

6- Une certaine solitude (1933-1939),

7- Dans la guerre ( 1939-1947),

8- La célébrité (1947-1963),

9- Vieux cabotin très sage  (1964-1976).

Un livre d’évasion, pour voyager, pour rêver, et relire les aventures en mer rouge d’Henri de Monfreid.