L'oeuvre au bleu

Auteur Sandrine Pautard
Editeur L'Harmattan
Date 2017
Pages 255
Sujets Guerre mondiale (1914-1918)
Roman
Cote 62.091
Recension rédigée par Jean Nemo


   Ce roman, comme il est souvent d’usage en bonne littérature, fait se croiser époques, personnages et lieux, même si pour ces derniers ils sont voyageurs tout comme les personnages. Un lieu pourtant les réunit, l’archipel de Saint-Pierre et Miquelon. Un précédent roman, policier, La morue voit rouge mobilisait peu ou prou les mêmes personnages. Mais il ne faut pas voir dans le renversement des couleurs le début d’un kaléidoscope, même si le titre du prochain roman (policier…) de l’auteure qui verra la suite des destinées des mêmes personnages, n’est pas encore connu.

            Résumer un roman ou en extraire la substantifique moelle est un exercice toujours aventureux. Commençons plutôt par présenter l’auteure dont l’écriture romanesque n’était pas la première vocation. Avant d’écrire, elle fut médecin, d’abord dans l’urgence et sous les Tropiques. Elle séjourna quelque temps à Saint-Pierre et Miquelon qui n’est certes pas sous les Tropiques mais bien Outre-mer.

            Selon une interview récente, Sandrine Pautard a très tôt joint à son activité professionnelle initiale des activités diverses : écriture, musique, préhistoire…Après avoir tenu dès son enfance un journal quasi quotidien.

            Auteure de plusieurs ouvrages édités à compte d’auteur et qui ne sont pas déposés à la BNF, elle a entrepris récemment (en 2015), une saga ayant pour port d’attache Saint-Pierre et Miquelon, dont le premier volume s’apparente à un roman policier situé au début du XXe siècle, le second pendant la Première Guerre Mondiale, un troisième annoncé pour plus tard, policier lui aussi et plus centré sur des affaires liées à la prohibition.

            Comme dans toute saga, chaque opus peut se lire indépendamment du précédent ou du suivant. Dans le cas de L’œuvre au bleu, un petit clin d’œil : la couverture est bleue, dans l’ouvrage précédent, La morue voit rouge, seuls un phare et une partie du titre étaient…rouges.

            L’histoire ici contée est celle de deux jeunes gens, le premier, Victor, instituteur à Saint-Pierre, et la seconde sa cousine Mariette, journaliste à L’Humanité, féministe militante, indépendante, de caractère bien trempé, sans engagement sentimental. Histoire encore de bien d’autres personnages, tous bientôt secoués par le début de la guerre qui bouleverse leurs convictions ou les confirment.

            Dans une sorte de postface, « Repères historiques », l’auteure précise ce qu’elle a emprunté à des personnages ou des faits réels (tel Coli l’aviateur, devenu l’un des personnages du roman), le docteur Thomas, la traversée dramatique du Pro Patria, en 1916. Pour les personnages ou les épisodes plus imaginaires, l’auteure indique qui ou quoi dans ses propres souvenirs les a inspirés.

            Pour l’essentiel, l’intrigue tourne autour de deux évènements significatifs : la fraude initiale d’une entreprise, « La Morue Française », livrant des lots avariés à l’armée ; évidemment et surtout, la Grande Guerre, les hommes morts au combat (six de Saint-Pierre) et un « fusillé pour l’exemple » dont l’auteure signale avec humour que son acte de décès attribue le rattachement de Saint-Pierre au département de la Martinique.

            Écrit dans un style vivant et limpide, cet ouvrage encouragera le lecteur à lire aussi le précédent mentionné ci-dessus et à attendre avec intérêt le suivant, encore sans titre.