Mon étincelle

Auteur Ali Zamir
Editeur Le Tripode
Date 2017
Pages 271
Sujets Roman comorien de langue française 21e siècle
Cote 62.081
Recension rédigée par Jean Nemo


            Mon Étincelle, telle est l’appellation par laquelle sa mère interpelle sa petite fille. Le roman est parsemé de prénoms qui, ailleurs qu’en certaines francophonies insulaires, pourraient être improbables : Douceur, Douleur, Efféralgan, Dafalgan, Vitamine, Espoir… Et, bien entendu, Étincelle, la petite fille à qui sa maman raconte une ou des histoires d’amour, souvent emmêlées mais dont on comprend vite que ce sont les siennes propres.

            Mais tout d’abord, deux mots de l’auteur qui fit, il n’y a guère, une entrée remarquée en littérature de langue française. À peine plus de trente ans, Comorien d’Anjouan, plus précisément de Mutsamudu tout comme ses héros. Outre des articles et des nouvelles ici et là, son premier roman, Anguille sous roche, de 2016, était un pari audacieux d’une seule phrase sur près de trois cents pages. Il reçut diverses distinctions et prix. Il a été le premier pensionnaire de la résidence d’écrivain créée par « Montpellier Méditerranée Métropole », où il a rédigé le roman sous revue.

            Étincelle se trouve dans un avion qui pourrait se crasher. D’où ses mémoires entrecoupées à propos de ce que lui racontait sa mère, sur ses origines, sur les péripéties de vaudeville d’adolescents qui jouent de fausses tragédies : la mort simulée de Douleur, l’amoureux de Douceur qui ne s’y laisse pas prendre et répond au tour par un autre tour, querelles d’amoureux à la façon de Marivaux… Le directeur d’école volage au « droit de canapé », des dirigeants comoriens tartuffes et par définition corrompus participent à la farandole.        On finit par comprendre que l’Étincelle est fille de Douceur et de Douleur, qu’elle l’apprend de sa mère mourante qui lui écrit une longue lettre fort proche de la fin du roman.

            Ali Zamir manie avec virtuosité un français de vieille France, celui dit populaire ou argotique, quelquefois d’usage comorien.

            Pour rester populaire, on l’aura compris, ce roman mérite à tout le moins le détour, s’il en suit sans réserve le fil, le lecteur ne perdra pas son temps, s’esclaffera quand il le faut, sera parfois ému.