Le contrôle du corps des femmes dans les Empires coloniaux : empires, genre et biopolitiques

Recension rédigée par Josette Rivallain


 

            Cet ouvrage collectif, structuré en cinq parties, traite d’un sujet longtemps laissé dans l’ombre, peu abordé sur le plan politique. Nombre de société ont et continuent de placer la femme dans une situation hiérarchique inférieure, l’entourant de solides tabous.

            L’étude s’inscrit dans le cadre des empires coloniaux ; débutant au XVIe siècle, elle suit un ordre chronologique, examinant en priorité les situations connues en Amérique et en Afrique, l’un fournissant l’autre en main d’œuvre contre un gain substantiel.

            Le biopouvoir qui s’exerce sur la femme dotée de la capacité de donner la vie s’étend au droit du sang, aux alliances, à la hiérarchisation de modèles de sociétés, et lui confère droit de vie et de mort. Aussi, dans les empires coloniaux, la sexualité a été un moyen de contrôler les populations, de renforcer certaines identités, d’en introduire de nouvelles. En terme de genre, chacun des huit auteurs examine différents cas mis en place dès l’implantation du système, leur fonctionnement, le racisme qui s’y exprime. Ils soulignent les prolongements de ces comportements dans les politiques actuelles, notamment lors des mesures prises vis-à-vis de l’immigration.

            Les empires coloniaux ont mondialisé une politique comportementale vis-à-vis du corps de la femme qui doit être rentable, tel un produit financier : plaisir, prostitution, pouvoir, main d’œuvre. Toutefois, les modèles ne sont pas absolument identiques partout. Ainsi, la colonisation espagnole du Paraguay a été mise en place par des étrangers ne connaissant pas la valeur de la femme dans les sociétés locales. Ils ont créé des haremset conçu là de nouveaux Espagnols qui ont participé à l’extension du territoire conquis. Dans d’autres régions, les femmes venues d’Afrique donnaient naissance à des esclaves dont le père disposait comme bon lui semblait. En Afrique, la politique coloniale a été d’accroître la population, notamment la zone centrale du continent, en recourant à diverses interventions, y compris celles d’associations caritatives, de la religion, de l’éducation.

            L’une des conséquences prévisible des politiques natalistes a été le métissage, vécu différemment d’une société à l’autre : assimilation à la société du dominant, ou création d’un statut particulier, entraînant l’éloignement d’avec la famille locale, et des politiques plus ou moins cohérentes. S’en sont suivies des politiques de séparation de groupes pour des raisons d’origine et de religion. Selon que l’on est homme ou femme, la situation peut-être bien différente en situation de métissage, d’autant que les rapports de races sont au cœur des inquiétudes coloniales. La femme reste le pivot de cette biopolitique.

            Cette approche touche un domaine important, explicite bien des situations, repousse les limites de certains non-dits. Sa lecture n’en est pas très aisée et le risque de tomber dans l’exposé de cas particuliers n’est pas exclu, car il reste difficile  de prendre du recul vis-à-vis de multiples préjugés.