Histoire du politique au Congo-Kinshasa : les concepts à l'épreuve

Recension rédigée par Josette Rivallain


            Gauthier de Villers se place dans une perspective marxiste et wébérienne pour examiner l’histoire politique du Congo-Kinshasa de 1960 à 2006. En effet, l’auteur a eu particulièrement recours aux analyses de Max Weber pour la sociologie politique, soulignant que les analyses politiques qui, dans les années 1960, s’appuyaient sur Marx, ont progressivement glissé vers celles mises au point par Max Weber. De Villers a cherché à adapter la philosophie de Max Weber et à en vérifier la pertinence face aux évènements qu’il étudiait, car ces concepts nés en Europe sont à adapter aux spécificités culturelles zaïroises.

            En effet, les historiens se sont trouvés confrontés à des concepts de cultures locales liées au nouvel état des réalités politiques, ce qui a bouleversé nombre des critères habituellement retenus. Ils ont dû introduire peu à peu dans leurs analyses de l’élaboration de la notion d’Etat dans un nouveau pays, de nouveaux concepts.

             Cette approche se déroule en plusieurs temps, passant en revue les grands évènements vécus par ce nouvel état soumis au poids constant des dépendances internationales à chaque étape de sa formation pour tenter de définir la nature de cet Etat et du pouvoir politique mis en place tout au long de cette période. Car le régime a cherché à installer une réalité neuve et à mettre en place progressivement de nouvelles conditions de vie.

             Ceci représente un vaste travail face auquel l’historien manque souvent de recul, à la fois historiographique et historique, ne s’appuyant pas sur la seule démarche historique privilégiée notamment dans l’histoire occidentale, faisant une place réelle à la sociologie, englobant le rôle de multiples acteurs, les travaux de nombreux historiens, sans négliger le poids de l’héritage colonial, mais soulignant les réalisations du nouvel Etat tirant partie du contexte international et entre les mains d’un pouvoir tyrannique. 2006 et les élections ont ouvert une nouvelle étape dans l’histoire du pays qui prend le chemin d’une nouvelle construction des institutions étatiques.