Lignes de fuite : roman

Auteur Stéphanie Braquehais
Editeur JC Lattès
Date 2017
Pages 347
Sujets Djibouti-Addis-Abeba, Chemin de fer Roman
Cote 61.530
Recension rédigée par Michel David


            Une jeune femme part à la recherche de la vérité sur un secret de famille jamais élucidé. Son arrière grand-père était l’un des directeurs de la Compagnie du chemin de fer franco éthiopien reliant Djibouti à Addis-Abeba depuis 1917.

            Le procédé narratif adopté par l’auteur fait intervenir alternativement les trois protagonistes du roman, Henri l’arrière grand-père, Maurice le grand-père et Emma la petite fille. On se trouve plongé dans deux époques, celle de l’entre deux guerres et de la colonisation d’une part, celle d’aujourd’hui d’autre part.

            L’évocation par Henri et Maurice des évènements familiaux et politiques qu’ils ont vécus fait ressurgir tout un pan de leur passé personnel ainsi que de l’histoire contemporaine de l’Ethiopie et de l’ancienne colonie française de la Côte des Somalis. Cette première période du roman se situe en effet dans le contexte de la conquête italienne de l’Abyssinie sous le Duce Mussolini et l’empereur Hailé Sélassié et dans celui de la présence française à Djibouti à l’ère coloniale.

            La deuxième période est celle de la plus récente actualité telle que la découvre Emma au cours de son voyage sur place. Elle y mène ses investigations à l’instar d’une enquête policière, interrogeant tous ceux qui peuvent l’aider à connaître ce qu’elle veut savoir. Elle s’adresse à d’anciens cheminots de l’ancienne compagnie ferroviaire franco-éthiopienne. Ils restent profondément attachés au souvenir de leur vie professionnelle d’antan alors que la « ligne des Français » cède désormais la place à la toute nouvelle voie construite par les Chinois avec leur main d’œuvre et leur matériel venus de Chine.

            Confrontant les récits des uns et des autres, visitant de vieilles maisons à Dire Daoua et Harrar, faisant parler des photographies miraculeusement retrouvées, Emma parvient à faire remonter le secret familial à la surface du puits profond des ans dans lequel il était enfoui, la naissance d’une petite métisse fille illégitime de son arrière grand-père.

            Captivant et parfois émouvant, écrit dans une langue claire et maîtrisée, agréable à lire, ce roman est-il autobiographique ? Il montre en tout cas que la fiction peut être une reconstitution aussi authentique du passé qu’un récit historique. A ce titre il devrait retenir l’attention de ceux qui s’intéressent à l’histoire de la Corne de l’Afrique. Ce premier roman réussi de Stéphanie Braquehais fait espérer que d’autres essais romanesques suivront, peut-être avec pour cadre l’Afrique orientale où elle vit actuellement.