Histoire et voyages des plantes cultivées à Madagascar avant le XVIe siècle

Recension rédigée par Lucile Allorge


 

            Peuplée par des Austronésiens au VIIIᵉ siècle de notre ère, Madagascar ne fut découverte par les Portugais qu’en 1500 mais les Arabes et Swahili, parcourant l’océan Indien, y avaient des comptoirs depuis plus de 400 ans, comme l’attestent l’archéologie. Archéologie, linguistique, histoire et anthropologie comparée montrent aussi la poursuite de voyages austronésiens vers Madagascar, après le VIIIᵉ siècle.

            Dès 1972, Philippe Beaujard se rend en pays Tanala, Antambahoaka et Antaimoro, ces dernières populations malgaches de la cote Est ayant conservé des manuscrits
arabico-malgaches dits sorabe (« grande écriture ») dont Philippe Beaujard est le grand spécialiste. Il a pu, grâce à sa connaissance de la langue malgache comme celle de l’arabe, retracer grâce à ces sorabe, les divers échanges se faisant de Madagascar jusqu’en Perse, Inde et Chine. Il met ainsi à notre disposition un livre très érudit avec une bibliographie impressionnante concernant les plantes introduites à Madagascar par les divers peuples qui s’y sont succédés jusqu’à l’arrivée des Européens.

            Philippe Beaujard limite son ouvrage aux plantes introduites avant le XVIe siècle. La difficulté de remonter à ces temps anciens vient tout d’abord que l’écriture n’existait pas à Madagascar avant l’arrivée des arabes. Il n’existe qu’une centaine de ces manuscrits dont peu citent des noms de plantes qu’ils venaient chercher à Madagascar ou y apporter.

            L’origine des plantes cultivées avait déjà fait l’objet de nombreuses études depuis Humboldt et sa géographie des plantes en 1807, de Candolle en 1883, Vavilov en 1926, puis Perrier de la Bâthie qui fait la liste des plantes introduites à Madagascar en 1933, Haudricourt dont le livre « L’origine des plantes cultivées malgaches » (Mémoires de l’Institut Scientifique de Madagascar ) paraît en 1948 jusqu’aux derniers travaux de l’INRA qui s’est attachée à reconstruire l’histoire des plantes par l’étude de 10 000 gènes ancestraux.

            Toutes les méthodes sont prises en compte, archéologie et archéobotanique, palynologie, datation par le carbone 14, ADN, linguistique, étude des dictionnaires de noms de végétaux, ouvrages ou documents en toutes langues ainsi que les mythes et les contes malgaches etc…

            Ces plantes originaires d’Afrique, d’Asie, du Moyen-Orient et d’Égypte ou même de Nouvelle-Guinée comme le bananier transporté par l’homme à partir de 3000 ans av. J.-C., portent des noms qui permettent de retracer leurs affinités linguistiques. Cinquante plantes regroupées en trois chapitres, des illustrations, trente-quatre cartes de Madagascar et des centres d’origine des plantes considérées, des index des noms malgaches, et des noms scientifiques complètent cet énorme travail.