Francisco Miranda, le héros sacrifié

Recension rédigée par Philippe Bonnichon


 

Ce roman historique fondé sur les volumineuses archives du héros, retrace la vie et la carrière du premier « libérateur » de l’Amérique du Sud, Miranda, l’aîné et modèle de Bolivar. Vénézuélien, officier espagnol, voyageur à travers toute l’Europe, philosophe et révolutionnaire, séducteur infatigable et chantre de la liberté, général au service de la France, sous Dumouriez à Valmy et, en Belgique, conquérant d’Anvers, Miranda est emprisonné sous la Terreur, puis s’efforce d’obtenir de l’Angleterre les moyens d’instaurer l’indépendance des colonies espagnoles. Un premier débarquement échoue lamentablement mais l’invasion napoléonienne de l’Espagne change la donne, bouleverse la situation politique et sociale au Venezuela qui, grâce à Bolivar, finit par l’accueillir. Il échoue, au fond, à devenir le Washington de l’Amérique du Sud et, trahi, meurt misérablement en 1816 à soixante-six ans dans les geôles espagnoles.

Ce destin d’un général républicain est peu connu en France. Le livre se lit facilement. L’auteur imagine rencontres, dialogues et idylles avec les personnages marquants de l’époque : de la Grande Catherine au général Bonaparte, de Danton, Talleyrand, Pétion ou Hoche à Pitt, Joséphine ou Delphine de Custine. L’essentiel du livre suit pas à pas le déroulement de la Révolution ; la documentation est bonne dans l’ensemble.

Attention toutefois à quelques erreurs : au combat des Saintes, Bougainville a déjà fait son tour du monde depuis une dizaine d’années ; l’empereur Léopold II succède à son frère Joseph II et non à son père François Ier ; en août 1792 et jusqu’à Valmy, la législative est encore en place, les élections pour la Convention se déroulent et la nouvelle assemblée ne se réunit que le 21 septembre ; on se perd un peu dans les dates des voyages européens de Miranda. Enfin et surtout, les épisodes vénézuéliens, de 1806 à 1813 - qui sont le plus important pour un lecteur français connaissant son histoire de la Révolution - sont difficiles à suivre faute de précisions et d’explications sur l’enchevêtrement des factions, des intérêts, des coups d’État dans la société créole complexe qu’avait analysée quelques années plus tôt le voyageur encyclopédiste Alexandre de Humboldt.

 

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