La langue française dans le monde : 2015-2018

Recension rédigée par Guy Lavorel


C’est toujours un plaisir de retrouver cette publication, tant elle s’en prend à de nombreuses idées reçues sur la francophonie, en exposant des chiffres précis, des documents et une réalité qui rétablit la langue française dans sa valeur et son originalité, avec le pouvoir de la variété et le sens de la nuance qui lui sont propres. Ce livre donc, après une préface de Michaëlle Jean, offre un panorama qui respecte les enjeux de la Francophonie. Quatre parties vont au cœur des questions.

La première est consacrée aux « Francophones dans le monde ». Le « français-archipel », selon l’expression de B. Cerquiglini, a un bel avenir si l’éducation, l’économie, le développement, notamment en Afrique, sont au-rendez-vous. On observe une progression dans le numérique, où les possibilités de lecture immédiate en français ont changé la donne, grâce aux nouvelles possibilités de traduction, grâce aussi au rôle des Centres de lecture et d’animation culturelle. La faculté d’adaptation et de renouvellement de la langue française ouvre le champ de créations lexicales qui signifient au mieux son pouvoir de diversité. Si on tient compte d’une volonté de plurilinguisme face à une dictature d’un monolinguisme anglais, le ou plutôt les français, en respectant les autres langues rencontrées et les aires géoculturelles, auront une place de choix.

La deuxième, « apprendre et enseigner le français », montre l’évolution d’un enseignement du Français Langue Étrangère (FLE) autant que du Français langue d’enseignement, dans les diverses parties du monde. C’est que, grâce aux efforts des réseaux et des nouveaux outils pour former et diffuser, on est à l’heure d’une expansion reconnue, au-delà des difficultés d’adaptation des méthodes et des moyens octroyés, inhérentes au développement de certaines régions.

C’est précisément le sujet de la troisième partie : « Le français pour le développement ». On y retrouve les thèmes amplement défendus par l’OIF depuis quelques années. En effet si l’on ne cesse de vanter l’anglais langue du « business », le français est aussi une langue de commerce. Il est fait état dans plusieurs études de cette capacité et de l’essai d’une monnaie francophone, la paypite [pourquoi pas cependant paiepite ?... NDLR]. Vient ensuite un chapitre important consacré aux industries de la culture, espoir de certains pays. Puis sont présentées les possibilités du français pour l’emploi : dans de nombreux pays, parler français en plus de deux langues offre plus de 85% de chances d’emploi ; enfin on découvre l’employabilité des francophones dans différents pays du monde entier (Arménie, Bulgarie, Cambodge, Kenya, Liban, Madagascar, Nigéria, Roumanie, Vietnam) avec des chiffres et des présentations fort intéressants.

La quatrième et dernière partie revient sur un sujet essentiel : « Le français sur les ondes et sur la toile ». On y voit les usages médiatiques et sur la toile, principalement avec des statistiques menées en Afrique. « La télévision regroupe 16,6 millions de téléspectateurs au quotidien, pour une durée d’écoute individuelle moyenne de 4 h 03 par jour. ». Et les chiffres sont aussi probants pour radio et internet. C’est alors une étude avec de nombreux schémas qui présentent les principaux sites où l’on peut découvrir l’importance de la langue française. On voit enfin le rôle joué par médias et presse en Afrique. De quoi bien atténuer les critiques sur le manque de communication de la sphère francophonie.

L’ensemble de cet ouvrage mérite donc bien plus qu’une consultation. C’est un ensemble de documents, schémas ou illustrations d’une actualité renseignée et passionnante. Oui la francophonie est vivante, elle a de l’avenir et il faut le dire, pour ne pas laisser croire un certain nombre de fausses nouvelles.