La fille de l'espagnole : roman

Recension rédigée par Jean Nemo


Comme il est trop souvent de coutume, chez les éditeurs de romans, cet ouvrage n’a pas de table des matières. La raison est-elle que le lecteur est invité à lire le roman de bout en bout ?

Trêve de plaisanterie, pour aborder le fond.

Karina Sainz Borgo est de nationalité vénézuélienne. Elle connaît un succès littéraire certain, puisqu’à la BNF par exemple, ses rares œuvres ou romans sont signalés d’abord en espagnol, de même que sur d’autres sites. Les traductions en français cependant sont rapides puisqu’elles ne suivent que de peu les originaux hispano-vénézuéliens ou espagnols.

Journaliste « engagée », ayant abandonné son pays pour l’Espagne (comme quatre millions de ses compatriotes), mais parcourant le vaste monde, toujours active face aux « distorsions », économiques, sociales et politiques de son pays. Elles sont bien connues du lecteur, même généraliste, pour qu’on les rappelle.

On imagine sans peine que le roman sous revue, à travers la fiction, sera une charge politique.

Pour le résumer, une formule des dernières pages : « Cette histoire est une fiction. Certains épisodes et personnage de ce roman sont inspirés de faits réels, mais ils ne respectent pas l’exigence de vérité. Ils se détachent du réel avec une vocation littéraire, et non testimoniale ». Que voilà une bonne définition de bien des romans des Zola, Coetzee, Faulkner, Conra et autres romanciers contenus dans toutes les bonnes bibliothèques.   

Adelaïda Falćon vient de perdre sa mère. Elle craint le saccage du tombeau. De retour chez elle, elle se voit mise à la porte par une meute féminine armée. Elle tente alors de se réfugier chez une voisine, Aurora Paralta, « la fille de l’Espagnole ». Elle la découvre morte. Mais elle découvre aussi une lettre du consulat d’Espagne qui demande à cette Espagnole un certificat de vie pour lui verser une pension. Elle décide alors d’usurper le nom et l’état civil de cette Aurora Paralta.

Karina Sainz Borgo défile alors un scénario terrifiant dans une ville également terrifiante. Elle décide alors de son évasion sous sa nouvelle identité.

Il est vain de tenter de résumer en quelques lignes un roman aussi riche, mêlant une histoire inventée et une expérience personnelle. On recommandera au lecteur intéressé par la « bonne littérature » de se plonger dans ce premier roman d’une journaliste chevronnée. Il aura à faire avec de la fort « bonne littérature ».