Le fil rouge portugais : voyages à travers les continents

Auteur Péroncel-Hugoz
Editeur Bartillat
Date 2020
Pages 282
Sujets Monde
Descriptions et voyages
Cote In-12 2539 (MSS)
Recension rédigée par Jean de La Guérivière


« À mon journal, Le Monde, grâce auquel j’ai pu accomplir la majorité des voyages qui m’ont permis d’écrire ce livre. » Ainsi Péroncel-Hugoz rappelle-t-il son passé de grand-reporter au sein d’une rédaction où il était connu pour sa liberté de ton et de pensée. Une liberté qui lui fait dédier ces pages « Aux Portugais, pionniers exemplaires et immigrés modèles », ce million de « cousins latino-atlantiques » présent dans l’Hexagone où, pour sa part, il se distingue son « absence de la chronique des faits divers », est-il précisé, non sans sous-entendu, dans le corps du livre.

Inspirés, donc, par des reportages, mais distincts de ceux-ci, ces « voyages à travers les continents » – sous-titre de l’ouvrage – s’étalent majoritairement sur les dernières années de la décennie 1990. D’abord publiés en 2002 chez Bartillat, ils sont repris aujourd’hui dans « Omnia », la collection de poche du même éditeur, avec quelques notes de bas de page et une carte des « principales terres lusophones » établie en 2020 pour actualiser le propos. Le « fil rouge », c’est le fil conducteur de l’aventure ultramarine du Portugal et de ses conséquences résumées dans une chronologie que l’auteur préfère intituler joliment « Éphémérides ». Celles-ci se terminent en 2014, année où la Guinée-Équatoriale, ancienne possession espagnole, adhère à la Lusophonie, alias la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP), un ensemble de quelque 300 millions de locuteurs, ouvert aux pays qui n’ont que partiellement la langue de Camoëns en partage, à l’image de notre Organisation internationale de la Francophonie, mais en moins structuré.

Le voyage commence par la métropole, notamment dans une Lisbonne parée pour l’Exposition mondiale de 1998 et où l’on reconnaît les prémices de ce qui en fait aujourd’hui une des villes les plus attirantes du monde. Il se poursuit « entre les colonnes d’Hercule », un concentré d’histoire entre Ceuta, Tanger, Gibraltar et Algésiras. Puis l’auteur observe « la dilatation universelle du Portugal », en Afrique noire aussi bien qu’en Amérique du Sud et Asie.  Si les Portugais n’ont pas laissé partout un padrao, cette colonne « à la fois cruciforme et phallique » qui marqua leur passage, telle celle plantée en 1499 sur le promontoire de Malindi (Kenya) et dont une photographie orne la page de garde du livre, ils ont marqué de leur empreinte jusqu’au Japon, pays dont le vocabulaire gastronomique comprend un nombre étonnant de mots dus au fait que des Nippons «  se mirent à cuisiner lusitan » sous l’influence des pionniers qui foulèrent leur sol en 1543.

Péroncel-Hugoz est sensible au « drame démographique de cette petite nation, absolument pas en mesure de peupler suffisamment soi-même pour pouvoir les conserver, les innombrables estuaires, criques, baies, caps et pitons dont elle s’empara au XVe et XVIe ». Par ailleurs auteur d’essais ayant surtout l’Islam pour toile de fond (dont Le Radeau de Mahomet, qui fit du bruit en 1983), il évoque tout naturellement la façon dont cet Islam a souvent pris la relève des Portugais, ce qui constitue en filigrane un deuxième fil conducteur.

Des index des lieux et des personnes complètent opportunément l’ouvrage en plus d’une longue et éclectique bibliographie. Que celle-ci ne soit pas du chiqué, toutes ces pages nourries d’histoire et de littérature en témoignent abondamment.