Partir dans les outre-mers : de l'empire colonial à nos jours (XIXe-XXIe siècle)

Recension rédigée par Jean Nemo


Hubert Bonin, à la bibliographie bien remplie, est l’un des spécialistes français de l’histoire économique de la colonisation et de la post colonisation, plus spécialement de l’histoire française dans ces domaines. Il participe également à l’Encyclopédie de la colonisation française, entreprise ambitieuse, publiée chez le même éditeur, « Les Indes savantes ». Il a été rendu compte de cette Encyclopédie sous la plume du rédacteur de la présente note de lecture, ce en septembre 2018. L’on y avait salué les objectifs affichés.

Outre le directeur de l’ouvrage et sauf erreur de décompte, onze auteurs ont contribué à cet ouvrage qui suit un certain ordre logique, mais constitue la reprise ou le résumé de textes parus ailleurs.

Dans une longue introduction, Hubert Bonin énumère les thèmes qui feront l’objet des contributions des uns et des autres, par exemple « partir au loin, partir gagner sa vie, partir sauver la France… ».

Viennent ensuite les chapitres annoncés, « Partir comme explorateur, partir dans les colonies du Reich, partir pour être missionnaire ». D’autres de ces chapitres constituent cette reprise de textes parus ailleurs : par exemple celui de Patrice Morlat, « Les raisons d’un départ vers l’Indochine en 1925 ».

On le voit au déroulé des chapitres : si la part du directeur de l’ouvrage est significative et justifiée, d’autres chapitres supposent de la part du lecteur, fût-il « averti », une connaissance préalable des sujets traités.

Par exemple, le chapitre 6 « Partir administrer un empire disparu-Le paradoxe des dernières promotions de l’ENFOM (1953-1963) » suppose que le lecteur sache que dès le début de la période couverte, aucun élève de cette École ne pouvait ignorer qu’il ne serait jamais gouverneur des colonies, encore moins commandant de cercle ou de subdivision.

On l’aura compris, cet ouvrage collectif intéressera d’abord le lecteur qui cherche à savoir comment et pourquoi les Européens partaient de par le vaste monde et en particulier en Afrique, dans la deuxième moitié du XIXème et dans les deux tiers du XXème siècle. Ce d’autant plus que les chapitres successifs se terminent tous par une conclusion ou un épilogue qui résume bien le texte qui précède. Cependant, l’on regrettera qu’à l’une ou l’autre exception près, l’appareil critique et la bibliographie restent minces.

Bref, un ouvrage passionnant pour le lecteur déjà suffisamment « averti », un peu déconcertant pour celui qui l’est beaucoup moins. Mais dans notre compagnie académique dont le principe est « les sciences d’outre-mer », à recommander aux consœurs et confrères qui ne seront certes pas dépaysés.