Une guerre perdue : la France au Sahel

Recension rédigée par Jean Nemo


Ce n’est pas la première fois qu’il est rendu compte d’un ouvrage de cet auteur plutôt prolifique et vulgarisateur, dans le bon sens des termes. Sa spécialité est de faire connaître aux lecteurs suffisamment intéressés les dessous et arcanes de ce qui se passe au Sahel en général. Outre d’appartenir à l’IRD (Institut de recherche pour le développement), il fut rédacteur en chef de la revue « Afrique contemporaine ».

Dans l’ouvrage sous revue, il poursuit sa très bonne vulgarisation : en trois parties et dix chapitres, il déroule un « pari intenable », des « erreurs de diagnostic », des « effets indésirables » avant de conclure notamment « En dépit des atrocités commises, la menace djihadiste aurait alors eu pour mérite d’inciter les Sahéliens à repenser leur rapport à la religion et à la tradition… ».

Ailleurs dans l’ouvrage, dès l’introduction, il affirme que la France doit quitter le Mali, faute de relais sur place. Voilà qui pourrait aller au-delà des politiques officielles de la France. Jugement donc sommaire à ce point de vue… « Guerre perdue », affirme le titre.

Car il ressort clairement que loin d’entamer significativement l’expansion du djihadisme sahélien, l’intervention française l’aurait plutôt encouragée.

La quatrième de couverture se montre sévère : « Un chercheur renommé qui refuse le silence et les mensonges sur ce que fait la France et au nom de quoi elle le fait ». Dans les pages de conclusion, l’auteur juge que la France doit se retirer pour au moins deux raisons : l’intervention française justifierait des attentats en Europe, principalement en France ; le retrait de celle-ci ramènerait ces conflits locaux à leurs vrais fondements, la mauvaise gouvernance.

Comme bien souvent, la critique sévère de l’action de la France doit être lue avec grande prudence. Nul n’est réellement dans le secret des relations confuses entre la France et ses anciens TOM sahéliens. Par exemple, le tout récent « pronunciamiento » militaire au Mali a pris les Occidentaux et les États africains de court.

Á lire donc en raison de la notoriété de l’auteur, avec les réserves exprimées ci-dessus qui n’ôtent rien à l’intérêt de la lecture.