Le testament de Lapérouse : roman

Recension rédigée par Yves Boulvert


L’amiral François Bellec, également peintre de la Marine, a participé à deux campagnes de fouilles effectuées sur l’île de Vanikoro par l’Association Salomon avec l’appui scientifique de l’IRD et de la Marine nationale. Ayant déjà publié « La généreuse et tragique expédition Lapérouse » (1985), puis « Les esprits de Vanikoro » (2006), il a repris la plume pour essayer, sous la forme d’un roman, de combler les inconnues qui jalonnent cette tragique expédition en « s’appuyant sur les connaissances peu à peu acquises et en entremêlant le vrai et le possible ». 

L’auteur rappelle des données historiques ou acquises dont il comble les vides en laissant place à son imagination dans la limite du vraisemblable. Ainsi « la Boussole » s’est-elle brisée sur un récif de l’île de Vanikoro, dans les îles Salomon, suivie de « l’Astrolabe » qui s’y est irrémédiablement échouée le 13 juin 1788, tandis que ce n’est que le 18 octobre de la même année que l’unique survivant de l’expédition, Barthélémy de Lesseps, arrivait à Versailles des fins fonds de la Sibérie où l’expédition avait fait escale !

Plutôt que des inconnus, F. Bellec a retenu comme survivants le marin Lapérouse, chef de l’expédition, et un savant, civil, le chirurgien Rollin qui continua d’herboriser et de collecter des échantillons, tandis que le domestique Caraurant poursuivit son service tout en prenant femme au village voisin et en s’y intégrant. Lapérouse et Rollin attendaient des secours en meublant leurs longues journées – outre par des observations astronomiques – par de longues discussions sur l’Encyclopédie, la franc-maçonnerie, la coexistence difficile entre marins et savants ...

Ce n’est que le 9 février 1791 que l’Assemblée Nationale vota le décret ordonnant d’envoyer deux navires de recherche avec Bruny d’Entrecasteaux. L’expédition multiplia les déconvenues, et le 19 mai 1793, passa au large de Vanikoro sans y relâcher ! Peut-on imaginer la déception des naufragés ?

A la suite de violentes intempéries, une coulée de boue aurait emporté bibliothèque et collections. Rollin se serait suicidé tandis que Lapérouse vieillissait et décédait en 1826, peu avant le passage de l’Irlandais P. Dillon en 1827, suivi peu après du Français Dumont d’Urville qui retrouva des traces du naufrage mais aucun survivant.

Plausible et émouvante, cette histoire se lit très agréablement.