Mémoires et révoltes au féminin : cinq lauréates du grand prix Martial Sinda de la poésie ...

Recension rédigée par Philippe Bonnichon


Universitaire et poète lui-même, Th. Sinda présente ici la première anthologie des Afriques au féminin, couronnée par le jury du prix fondé par son père.

Cinq lauréates livrent chacune un recueil de poèmes inédits sur le thème " Mémoire-histoire et résistance ". Th. Sinda présente son anthologie derrière l'autorité de Baudelaire offrant à Vigny ses Fleurs du Mal : " ce n'est pas un pur album, il a un commencement et une fin ".

 Le combat féministe, la traite et l'esclavage, la colonisation, la négritude font l'objet, dans l'avant-propos, d'un rappel historique à grands traits, du Moyen-Age à nos jours. La femme noire prend ici toute sa place, en notre actuel XXIe siècle.

Impossible de tout citer ici. Au gré de sa sensibilité, le lecteur s'attachera à l'admiration comme à la critique. Je retiens au passage :

- la fierté de Y. Ladouce, Camerounaise : elle fait comme un écho au Cantique des Cantiques (" Je suis noire, je suis belle, filles de Jérusalem ") et sa fierté refuse l'inculturation.

- N. Nanda est Gabonaise, qui souffre du mal-développement dans le poème Nous sommes : " Nous venons de loin. Destination liberté. "

- Réunionnaise, M.A. M'Némosyme (née Aubras) raccroche quasi son nom à la Muse de la mémoire pour écrire dans ses Pensées du 1er Mai : " Des brins de muguet/ Qui jouent à faire le guet/M'invitent à les cueillir et les offrir/En vrai ou en pensées. "'

- S. Sambin, Guadeloupéenne, se sent marquée par la mémoire de l'esclavage : " Retour dans notre passé, pour maîtriser notre futur " (poème Arquer), " Retour en Négropolitain, ni d'ici ni de là-bas " (poème Mallette pleine du rêve français).

- Enfin, V. Rakotonirainy, malgache, ressent au plus profond combien sont responsables des atrocités et des guerres, de la pauvreté comme des bouleversements du climat. " Les hommes en rupture du contrat avec l'ordre établi par Dieu " : respecter la nature, c'est rester fidèle au projet divin. " Gloire au Roi du Ciel et de la Terre ", chante-t-elle (poème Notre mère nourricière), comme en résonance franciscaine avec l'auteur pontifical de Laudato Si.

D'origines et d'horizons divers, chacune des lauréates de cette anthologie inscrit son inspiration dans l'efflorescence des thèmes qu'avec l'Afrique et après les campus d'Amérique, développe aujourd'hui une culture universitaire européenne.

       Au lecteur d'apprécier.