La nutrition dans un monde globalisé : bilan et perspectives à l'heure des ODD

Recension rédigée par Jean Nemo


Quatorze contributeurs à cet ouvrage collectif, y compris les deux coordinateurs. Mais non compris le préfacier, Stéphane Devaux, de la DG DEVCO (Union européenne), qui précise : « D’où l’intérêt de se livrer ici à un exercice à plusieurs voix parce que les points de vue croisés contribuent toujours à enrichir le propos et aident à mieux comprendre les alchimies à l’œuvre. ». Cette approche est donc considérée ici comme de bonne méthodologie. Rassurons cependant le lecteur, il ne trouvera aucune dissonance à l’ouvrage mais bien plutôt des angles d’attaque variés, quoique soumis à un plan rigoureux.

Autre remarque, les contributeurs ne sont probablement pas connus du grand public, aucune importance dans le cas présent, car cet ouvrage est manifestement destiné à un public relativement restreint. Celui qui s’intéresse à l’un des aspects des ODD (Objectifs de Développement Durable).

Dernière remarque avant d’en arriver à la substance : les contributeurs appartiennent à l’IRD (Institut de Recherche pour le Développement) et au CIRAD (Centre de coopération Internationale en recherche agronomique), à l’UNICEF, à diverses universités dans le monde, à une ONG…Soit un « panel » diversifié de spécialistes, qui explique sans doute le peu de bibliographie auquel le lecteur pourrait avoir accès, mais dont les compétences et les points de vue ne peuvent être que fondés quant à leur légitimité à s’exprimer.

L’ouvrage comporte neuf chapitres. Lesquels partent de la naissance des problématiques de la nutrition (spécialité disciplinaire, sécurité alimentaire, organismes spécialisés telle la FAO…), puis passent à une analyse des politiques actuelles et de la vision que l’on en a, continuent par des analyses de la malnutrition (au sens médical du terme, et au sens « populations en danger, notamment enfantines », puis abordent les dysfonctionnements nutritionnels (ceux des pays développés, ceux des pays pauvres). On aborde ensuite les stratégies adoptées dans chacun de ces cas et leur « gouvernance mondiale », pour établir et synthétiser les états actuels de la question.

Le dernier chapitre annonce la « croisée des chemins », l’une des phrases qui l’ouvrent déclare : « Jamais les questions de nutrition n’ont été placées aussi haut dans les agendas internationaux ». Un individu sur trois est aujourd’hui touché par « la malnutrition sous toutes ses formes », celle des riches, celle des pauvres (l’on trouve des obèses chez les uns et les autres…).

L’on achèvera ce trop rapide survol par l’une des phrases de la conclusion de l’ouvrage : «La nutrition, une des pierres angulaires du bien-être des individus et de la réalisation de leur potentiel, est par là même un « enclencheur » fondamental du développement. ». Ou, remarque incidente purement personnelle, comment relier le « bien » individuel au « bien » commun, synthèse remarquable de deux notions, souvent considérées comme sinon incompatibles, du moins concurrentes.

Ouvrage intéressant pour le lecteur qui souhaiterait avoir une vue d’ensemble sur une question ou des problématiques qui lui seraient mal connues. Ce d’autant plus que dans le grand public, l’image est trop souvent donnée des sous-nutritions dans les pays pauvres auxquels il faut porter secours, nos malnutritions de pays développés relevant plutôt des médecins et des pharmaciens…

À ce titre, on peut regretter, regret mineur, que la photo de couverture (un paysage probablement sahélien) n’égare le potentiel lecteur sur le seul aspect humanitaire des problématiques ici traitées. Il est vrai que la première phrase de la préface de l’ouvrage en donne la raison : «La manière dont la nutrition, en quelques années, est passée progressivement du statut de question complexe, éminemment médicale impliquant une réponse humanitaire, à une priorité pour les programmes de développement, justifie à elle seule cet ouvrage ».

Le pari annoncé « La nutrition dans un monde globalisé » est tenu, malgré les discussions auxquelles tel ou tel chapitre pourrait conduire. Mais quel ouvrage serait-ce s’il ne suscitait l’envie du lecteur d’élargir sa lecture à d’autres sources ?

De ce point de vue, l’appareil critique est de bonne qualité et ouvre de larges perspectives à ces autres lectures ou recherches d’information.