L'entreprenariat transméditerranéen : les nouvelles stratégies d'internationalisation

Recension rédigée par Philippe Hugon


            Cet ouvrage collectif dirigé par Sylvie Daviet a les avantages et les inconvénients d’une recherche collective menée par 28 auteurs originaires des deux rives de la Méditerranée. Il est structuré autour de la question de l’entrepreneuriat transméditerranéen qui a mis en place un écosystème relationnel, avec constitution d’espaces économiques circulaires et dynamiques Sud/Sud. La Méditerranée apparait comme une interface interactive tenant du hub plus que d’un espace intégré. Les systèmes productifs transnationaux traduisent une double mondialisation par le haut et par le bas.

            Les questions abordées sont plurielles. Elles sont regroupées en quatre parties (I) l’impact des Investissements directs étrangers et partenariats Nord-Sud, (II) les entreprises et groupes maghrébins à l’international, (III) le prisme de quelques secteurs récents ou traditionnels, (IV) Réseaux et modalités du réinvestissement

            La plupart des thèmes abordés sont intéressants, originaux et reposent sur un travail, de terrain. Ils témoignent d’innovations permanentes et d’un foisonnement qui dépasse les références classiques en termes de territoires nationaux ou de clivages Nord./Sud. En revanche, au-delà des termes intégrateurs utilisés,  on voit mal le cadre analytique permettant de mettre en ordre ce foisonnement d’objets un peu hétéroclites. Chaque thème est intéressant mais l’ensemble reste éclaté.

            Je ne prendrai qu’un exemple, celui central des investissements éducatifs internationaux étudiés par S Mazzela.  La mondialisation de l’éducation et la mise en place d’un marché international résulte à la fois de la crise des systèmes éducatifs nationaux, de la volonté des différencier les filières selon les groupes sociaux et de participer à la nouvelle économie de la connaissance. Elle a été accélérée par l’entrée en vigueur depuis 1995 des services éducatifs dans les négociations de l’Accord sur le commerce des services au sein de l’OMC.

            La mobilité internationale des étudiants et des enseignants s’accompagne d’investissements internationaux dans l’enseignement. Les modalités sont multiples certains établissements répondent à la seule logique de la rentabilité ; d’autres ont des missions de services publics avec hybridation de logiques publiques et privées ; les financements proviennent des bailleurs de fonds internationaux, des entreprises, des droits d’inscription, des subventions des pouvoirs publics Il aurait été utile que cette analyse soit reliée aux autres questions de l’entrepreneuriat, de l’économie de la connaissance, de la mise en réseau, de l’internationalisation des PME.

 Seule la mise ensemble de ces différentes pièces aurait permis de recomposer le puzzle.