Les Amériques : du précolombien à nos jours

Recension rédigée par Pierre Gény


            Cette somme de presque deux mille pages, sur papier bible, est l’œuvre de près de cent cinquante contributeurs.

            Il s’agit en fait d’un dictionnaire issu du milieu des américanistes français organisés depuis plusieurs années au sein de l’Institut des Amériques dont la présidence est actuellement assurée par Monsieur Jean-Michel Blanquer.

            On ne peut que saluer un tel ouvrage fondamental publié en français et qui traite de l’Amérique globalement. Celui-ci tend au préalable à proclamer l’unité de fait de ce continent « hémisphère occidental séparé des autres continents par deux océans ».

          Ce continent, dont l’évolution a été fortement marquée par l’Europe depuis le XVIe siècle tant au Nord qu’au Sud, est aujourd’hui l’expression la plus achevée de la mondialisation. Il est donc passionnant de se reporter aux articles denses et parfaitement documentés qui donnent de l’Amérique d’aujourd’hui une image complète grâce à une approche chronologique depuis la première occupation humaine connue, en 13200 avant Jésus-Christ jusqu’en 2014.

            Le premier volume, qui commence donc aux origines de la présence humaine, puis traite de manière détaillée les civilisations précolombiennes, évoque ensuite toutes les aventures coloniales européennes et s’achève avec la fin du rêve bolivarien en Colombie en 1830.

            On ne peut, dans ce premier tome, qu’être émerveillé par la façon dont sont traités des thèmes aussi variés que la créolisation, l’aventure française en Amérique, l’esclavage, l’immigration mais aussi les peuples Mayas. Ce volume est une mine complète, enrichie par la bibliographie qui figure au bas de chaque article.

            Un parcours de curieux dans ce premier tome du dictionnaire des Amériques fait ainsi découvrir à la lettre A un article passionnant dont le titre est « l’Amérique vue par les philosophes » où l’on découvre toutes les citations et analyses des grands penseurs européens sur ce « nouveau monde », de même à la lettre G, n’est-on pas invité à lire le titre « Géoglyphes » et à découvrir ou redécouvrir les traces souvent gigantesques sur la surface terrestre laissées par les civilisations dont l’histoire nous est encore peu connue.

          Le second volume qui traite des deux derniers siècles est évidemment beaucoup plus marqué par la géopolitique. Économie, conflits, migrations et démographie y sont traités avec beaucoup de finesse et en relation étroite avec l’actualité. Les aspects de la mondialisation culturelle y sont évidemment superbement développés.

         J’ai écrit « émerveillement » et ce mot n’est pas trop fort car, lorsqu’on ouvre ce dictionnaire, on veut toujours en savoir davantage et se précipiter sur la lettre suivante.

            On ne peut que reprendre l’analyse qui en est faite en quatrième de couverture des deux tomes et que je cite partiellement : « Pour la première fois, un dictionnaire raconte et explore l’intégralité des Amériques du Sud, centrale et du Nord, en montrant ce qui fait à la fois leur unité et leur grande diversité » et plus loin « On voit ici comment le Nouveau Monde a engendré un monde nouveau », visage d’une mondialisation à vocation universelle.

            En résumé, un ouvrage unique de connaissance et de référence pour comprendre et aussi admirer l’Amérique.