Les défis du vivre-ensemble au XXIe siècle : contributions à l'occasion des 15 ans de l'Université catholique d'Afrique de l'Ouest

Recension rédigée par Philippe Hugon


            Cet ouvrage vient à propos dans un monde de crises et d’assignations identitaires, de représentations et de dénominations fantasmées de l’Autre et de remise en question du vouloir vivre collectif, de la citoyenneté, de l’accueil de l’étranger. Comment ne pas édifier des frontières étanches et construire des murs alors que domine la peur de l’Autre ? Comment vivre ensemble ? Cet ouvrage traite de ces questions fondamentales en mobilisant des philosophes et des théologiens, biblistes et autres chercheurs. Il est issu d’un colloque international qui s’est tenu à Abidjan en mars 2015. A l’occasion du quinzième anniversaire de la création de l’Université catholique de l’Afrique de l’Ouest et de l’Unité universitaire d’Abidjan.

            La question de la migration est au cœur de cette réflexion à plusieurs voix. Les auteurs rappellent, quand on connait le traitement en Europe ou aux Etats-Unis des immigrés et des réfugiés, la phrase du père Dianélou « Sans l’hospitalité, un peuple n’est pas civilisé ».  Il s’agit de vivre ensemble, de dépasser les peurs sclérosantes. Ceci implique un travail de mémoire, une relecture du passé, des tensions et des histoires communes pour tracer des chemins d’avenir permettant de se projeter ensemble. Le regard sur le passé ne doit pas raviver les tensions mais permettre de les dépasser.

            La dénomination et l’assignation de l’étranger, défini jadis comme indigène, par son ethnie ou sa religion doit céder la place à la connaissance et la reconnaissance d’une personne. Le vivre ensemble peut renvoyer à un référent transcendant en terme d’appartenance à la même humanité (frère) ou au même Dieu. Il renvoie également à l’interculturalité dépassant l’ethnocentrisme sans se réduire à un relativisme culturel absolu qui interdit de comparer les systèmes de valeurs. La confrontation passe par des débats contradictoires. Les parentés à plaisanteries africaines sont un exemple permettant de casser les préjugés pour dialoguer. L’Autre doit être reconnu comme sujet ayant une égale dignité mais également ses différences.

            Il ne s’agit pas de nier les différences culturelles et religieuses, ni les diverses manifestations de la violence. J’ajouterai qu’il faut pour dialoguer défendre ses valeurs, ne pas avoir la haine de soi. Faire un effort de mémoire sur les faces noires de l’histoire ne doit pas conduire à une repentance anachronique mais à une volonté de construire ensemble un avenir meilleur et de « faire commun » à diverses échelles territoriales.

            Nous souhaitons que cet ouvrage qui aborde des sujets fondamentaux connaisse le succès qu’il mérite.                                                                                                  

 



 
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