La réforme des Nations Unies en Afrique : orientations stratégiques et nouvelles pratiques de coopération

Recension rédigée par Jacques Crosnier


            Ce livre tout récent de 400 pages et dont l’éditeur est « Grandvaux » est une contribution de pas moins de 40 auteurs qui ont en commun d’appartenir aux organisations internationales en majorité onusiennes et/ou travaillant en étroite collaboration avec elles. L’autre point commun est la bonne connaissance de l’Afrique en général et de la Côte d’Ivoire en particulier.

            Ce livre a l’avantage de traiter d’un problème majeur pour les Nations Unies et les pays qu’elles assistent, à savoir la nécessité d’une réforme qui tende vers la coordination des assistances multilatérales, un défaut actuel évident, avec, pour conséquence, une perte d’efficacité dans l’accompagnement des aides financières et techniques aux pays qui les sollicitent. Toutes les interventions ont le mérite de faire des recommandations allant dans le même sens, sans pour autant refléter les positions officielles des Nations Unies.

            L’ouvrage comporte trois parties, après une introduction et un avant-propos de trois personnalités éminentes :

            La première partie traite des objectifs et de l’orientation de la réforme, à partir de ce qui a été un des fers de lance de l’ONU : le rappel des objectifs du Millénaire, concernant une dizaine de domaines du développement.

            La deuxième partie montre l’application de cette réforme en Côte d’Ivoire, à la fois dans l’organisation de la représentation permanente onusienne à Abidjan, mais aussi dans le pays même, dans les domaines de la santé et de la paix. L’exemple est d’autant plus significatif que, d’un côté, il a eu à affronter un problème d’expansion du SIDA, et, de l’autre, des manifestations de « guerre civile » dans un passé assez récent.

            La troisième partie donne une série d’exemples d’application de la réforme étudiée dans  huit pays volontaires d’Afrique : francophones, anglophones et lusophones.

            Ce sont donc des nouvelles politiques d’unicité de l’assistance internationale et de coopération qui sont passées en revue et qui montrent comment elles sont appliquées, par besoin d’une plus grande efficacité, d’une promotion de politique publique en vue du développement durable, et de recherche de la paix et de la sécurité.

            Cette unicité dans l’action internationale est basée sur 5 piliers : un programme unique, un budget unique, un responsable, un seul bureau coordonnateur, et une communication commune. Ainsi, le représentant du PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement) sera, plus encore qu’avant, le seul représentant d’une aide offerte par toutes les autres organisations des Nations Unies, dont 16 sont bien connues, comme l’OMS, la FAO, l’UNICEF, le BIT, le PNUE …etc. Fort heureusement pour le lecteur peu familiarisé avec tant d’organisations internationales, une liste des acronymes - au nombre de 68 - est fournie.

            Ici, une première question  est à soulever par l’auteur qui a exercé cette coordination de trois Organisations Internationales : lorsque l’on a à faire à l’ensemble des Organisations spécialisées (techniques) des Nations Unies, il n’y a pas de problème ; mais lorsque des Organisations ont leur propre budget - et donc une autonomie certaine - (cas du FMI et du Groupe Banque Mondiale) on voit mal la subordination totale des représentants de ces dernières au Coordinateur PNUD. On devrait plutôt parler de « concertation » et échanges permanents d’information, ce qui est la pratique actuelle. En fait, il agirait comme un « chef d’orchestre » pour assurer l’harmonisation des activités internationales et leur cohérence.

            L’autre remarque concerne une recommandation supplémentaire : celle de la nécessaire coordination avec les aides bilatérales, publiques et privées, qui augmentent en nombre et en valeur. Ce livre y fait allusion à propos de la Côte d’Ivoire.

Le lecteur pourra trouver l’ouvrage austère, notamment dans la partie concernant les généralités, mais plus vivantes dans les études de cas relatifs à la Côte d’Ivoire (exemple du programme ONUSIDA) et aux autres pays étudiés. Il pourra, aussi, relever des redondances : elles sont inévitables avec tant de participants impliqués dans sa rédaction.

            Il n’empêche ! Cet ouvrage est fort bien documenté et montre que les Nations Unies sont conscientes d’améliorer l’efficacité de son assistance aux pays qui la sollicite ; ce souci d’efficacité est à la fois crucial pour des raisons de difficultés de financement, dans une croissance mondiale morose, et en raison des efforts quantitatifs considérables à fournir pour que les pays les plus nécessiteux et les plus vulnérables sortent de la pauvreté.

            Tous les hauts responsables des Nations Unies le savent : l’Afrique doit continuer à être le continent à choisir en priorité pour l’aide internationale. Ce livre est donc, le bienvenu.                                                                                                    



 
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