Les pays chauds

Recension rédigée par Yves Boulvert


            Ce titre ambitieux ne doit pas tromper. L’auteur n’a pas une ambition encyclopédique ; son objectif est seulement de rédiger le troisième volet de son autobiographie. Entre 1959 et 1969, après son service militaire au Sud d’Alger à Médéa comme dactylographe, il exerce une profession de comptable, transitaire ou commercial, dans diverses villes francophones d’Afrique équatoriale, préférant à la vie de groupe, « l’écriture de poèmes » et des échanges épistolaires. Il précise : « mes activités n’étaient pas d’un aventurier ni d’un explorateur, ni d’un colon, je n’en possédais pas l’esprit ».

            On sait qu’en Afrique, « les communautés s’interpénétraient peu ». Néanmoins, parmi les expatriés, se différenciaient les clans régionaux (Corses, Bretons), mais aussi professionnels. Ce n’est que fortuitement qu’il croise à Fort-Lamy, futur N’Djamena, Yves Coppens et « des jeunes gens hirsutes, tannés par le soleil ; la plupart émargeaient à l’ORSTOM » (Office de la recherche scientifique et technique (et non des territoires)
outre-mer.

            Lui-même est un sédentaire rêveur qui, à Pointe-Noire, garde le souvenir de la route côtière, à Brazzaville du « Djoué d’où l’on approchait le mugissement des eaux furieuses du Congo, d’où nous recevions les embruns de ses rapides », et à Fort-Lamy, le souvenir des projecteurs de la base sur lesquels « se fracassaient les insectes monstrueux de la brousse ». Il y évoque l’ombrage des margousiers ou « neems » (et non « arbres à nîmes » !), et le plaisir d’une escapade dans la réserve de Waza avec la découverte de « phacochères à la queue leu leu » et d‘éléphants, « masse immobile de blockhaus » ... !

            Après Douala « au climat pourri de chaleur humide », où les « cases sont bardées de chaînes et de cadenas », ce sera Bangui « à l’orée de l’immense forêt vierge » (!). Un « chasseur de caïmans » (sic) s’y flattait de « la disparition de l’espèce dans des régions où elle pullulait » ! L’auteur, quant à lui, partage ses soirées entre le club de tennis et l’écriture. L’ouvrage se clôt sur quelques poèmes : Géographie de fleuve, Le marcheur d’Afriques.

            Curieusement, G. Le Gouic ne mentionne pratiquement pas le contexte politique de la transition vers l’Indépendance des Etats d’Afrique Centrale. D’un mot, il signale les événements de mai 1958, l’indépendance vécue à Fort-Lamy en août 1960 : « chacun se calfeutrait chez soi ». A peine fait-il allusion, en Centrafrique, au tragique accident du
président-fondateur B. Boganda (« ancien séminariste »), de même qu’à sa rencontre fortuite avec J. B. Bokassa au lendemain de son coup d’Etat. Immobile, comme arrêtée entre passé et avenir, semble l’Afrique vue à travers le prisme de ce témoignage.                                                                                                       



 
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