Lapérouse

Recension rédigée par Yves Boulvert


         Un avant-propos de Jean Emmanuel Sauvée, Président fondateur de la compagnie de tourisme maritime Ponant, présente cette nouvelle collection commune avec Tallandier comme un hommage aux grands explorateurs maritimes français tels Lapérouse, Champlain, Bougainville, Dumont d’Urville, Surville ...

            Cette série « Ponant Explorers » comporte de petits volumes soignés, résistants, richement agrémentés d’illustrations d’époque : paysages visités, portraits, représentations précises d’échantillons de référence de la faune et de la flore. Le texte est condensé en courts chapitres, chacun traduit en anglais, relatant les péripéties de la vie et des travaux de ces pionniers qui ont sillonné les océans à la recherche de continents, d’îles et de civilisations encore inconnues.

            Jean-François de Galaup est originaire d’une famille bourgeoise d’Albi qui eut droit à la particule au début du XVIIe siècle. Il deviendra marin sous le patronyme Galaup de la Peyrouse qu’il légitimera en comte de Lapérouse. A dix-huit ans, il connaît l’épreuve du feu lors de la triste bataille des Cardinaux en baie de Quiberon, le 20 novembre 1759. Enseigne de vaisseau, il alterne pendant cinq ans des campagnes en Inde et à Madagascar. A 32 ans, il s’éprend d’Éléonore Broudou, 18 ans, qu’il épousera dix ans plus tard, sans autorisation maternelle ni ministérielle.

Lors de la campagne pour l’Indépendance des États-Unis, il participe en avril 1782, aux Antilles, à l’attaque de Saint-Christophe et à la bataille des Saintes. Il effectue surtout unraidaudacieux et victorieux en baie d’Hudson. Bien que les caisses de l’État aient été asséchées par cette guerre, Louis XVI décide d’envoyer une mission scientifique en vue de compléter les vides laissés par Cook dans la connaissance du Pacifique. Le commandement en est confié à Lapérouse sur la « Boussole », secondé par Fleuriot de Langle sur « l’Astrolabe », chacune portant quelque 110 hommes, avec uncheptel de 5 vaches, 40 moutons, 20 cochons et 200 volailles ! En rade de Brest, le 11 juillet 1785, il leur faut attendre trois semaines un vent favorable pour franchir le goulet ! C’est la première campagne dans laquelle les navigateurs maîtrisent la mesure des longitudes !

Via le Cap Horn, l’île de Pâques, ils longent la côte sud de l’Alaska perdant 21 hommes dans le chavirement de deux canots à Port-des-Français. Depuis la mission espagnole de Monterey en Californie, ils gagnent en trois mois Macao, enclave portugaise en bordure de Chine, pour y vendre, en janvier 1787, des fourrures d’Alaska ! Par le détroit, dit désormais de Lapérouse, entre Sakhaline et Hokkaido au Japon, ils gagnent Petropavlovsk au Kamtchatka, à l’extrémité orientale de la Sibérie. Barthélémy de Lesseps, oncle de Ferdinand, y sera déposé pour ramener en un an à Versailles courrier et journal de bord.

Traversant une troisième fois l’équateur, vers le sud, l’expédition parvient le 16 janvier 1788 à Botany Bay, près de Sydney, où Lapérouse peut confier son dernier courrier au commodore Arthur Phillip qui regagne Londres. Les navires quittant Botany Bay le 10 mars, font escale en Nouvelle-Calédonie, avant de disparaître sur la route des îles Salomon. En septembre 1791, deux vaisseaux commandés par Bruny d’Entrecasteaux et Huon de Kermadec quittent Brest pour partir à leur recherche. Le 19 mai 1792, ils passent en vue de l’îlot de Vanikoro sans pouvoir s’y arrêter. Les deux capitaines mourront peu après tandis que les survivants seront internés à Java, prisonniers des Hollandais avec qui la guerre, entre temps, a été déclarée ! 

Il faudra attendre 1827 pour que des traces des naufrages de la « Boussole » retrouvée par l’aventurier anglais Peter Dillon, et de « l’Astrolabe » reconnue par François Dumont d’Urville. Dès lors, les missions se sont succédé grâce à « l’Association Salomon » et à la marine nationale accompagnée d’un Peintre de la Marine, expert et chroniqueur de cette émouvante expédition, le Contre-Amiral François Bellec ! Le drame de l’expédition Lapérouse garde encore une part de mystère que notre confrère a essayé de combler en 2015 dans un roman : « Le testament de Lapérouse » (J. Cl. Lattès, 267 p.).