Ashanti : splendeurs et traditions au Ghana

Recension rédigée par Yves Boulvert


Passionné par l’Afrique et ses traditions, Raymond Lehideux-Vernimmen qui, le 21 avril 2019, a eu la chance d’assister à Kumasi, capitale Ashanti du Ghana, au vingtième anniversaire de l’accession au trône (Le Tabouret d’Or) de l’« Asantehene », le Roi-des-rois, présente ici son quatrième ouvrage sur l’Afrique Occidentale.

Après avoir sommairement présenté le Ghana (2e producteur mondial de cacao et 2e producteur africain d’or), l’auteur rappelle l’histoire mythique du Ghana qui s’étendait au Nord du fleuve Sénégal d’où il fut chassé par les envahisseurs almoravides en 1076. En 1240, le royaume du Ghana réapparut au cœur de la forêt dense humide sur les rives du lac aurifère Bosumtwi. En 1695, le premier Roi-des-rois fédéra le pays Asanti (Ashanti). En 1717, un groupe franchit la Comoé : ce sont les Baoulé (de Côte d’Ivoire) ; un pacte fut conclu à l’Est de la Volta, avec ceux du « Dan Homé » (ventre de serpent), le Dahomey, actuel Bénin. Outre l’invention d’un calendrier, les Ashanti bâtirent un système monétaire en introduisant les poids à peser la poudre d’or.

En 1807, Londres en interdisant la traite esclavagiste, mécontenta deux royaumes africains : l’« Asanteman » et le « Dan Homé ». Les guerres anglo-ashanti se succédèrent au XIXe siècle. Captif durant 28 ans, le roi Prempeh Ier incita néanmoins les dignitaires à apprendre l’anglais, à adopter le christianisme (anglican) et à récuser les sacrifices humains lors des funérailles notamment. En 1935, la confédération ashanti fut restaurée et en 1957, Kwame Nkrumah obtint l’indépendance de la « Gold Coast » à laquelle il redonna le nom de l’empire millénaire : Ghana.

Selon le proverbe ashanti : « Le futur est guidé par le passé » ; les traditions y restent vivaces.  Au Ghana, les chrétiens représentent 85 % de la population, les musulmans 10%, les autres religions 5% ... et les animistes 100%. Les Ashanti croient en la réincarnation, comme en la sorcellerie. Le calendrier ashanti est ponctué de fêtes religieuses traditionnelles. Tous les Ashanti appartiennent au clan de leur mère. La sorcellerie est associée au monde féminin et à la nuit. Les enterrements s’effectuent rapidement après le décès, mais parents, amis et voisins se rassemblent ultérieurement pour des funérailles festives, hautes en couleurs. Le panthéon ashanti réunit une quinzaine de dieux principaux. Les couleurs obéissent à une symbolique précise de même que l’attribution des prénoms.

La fête mémorielle du 21 avril 2019 vit se succéder durant plusieurs heures des processions (d’hommes uniquement), aussi ritualisées que colorées. Depuis Osei Tutu I qui fut « Asantehene » de 1695 à 1717, quinze Rois-des-rois ont accédé au « Tabouret d’Or » et quatorze Reines-mères (« Asantehemaa »). Les pagnes pérennisent les 77 principaux symboles « Adinkra ». Enfin, de nos jours, au palais, sont identifiées 42 fonctions de courtisans dont des titres qui ne correspondent plus à des fonctions en usage (bourreaux, eunuques ...)

Dans cet ouvrage original, illustré de nombreuses photographies, l’auteur témoigne de la stupéfiante vitalité du dernier grand royaume traditionnel d’Afrique subsaharienne. Il focalise l’attention sur une société ancienne, les Ashanti, dont le nom est connu mais souvent restreint à des images comme la poupée-statuette de la fertilité, et surtout l’or, richesse de la bien nommée « Gold Coast ». Or l’originalité de la civilisation ashanti va au-delà et c’est là tout l’intérêt de ce livre qui s’intéresse à la sociologie et à la culture séculaire de ce peuple singulier.