Les Bouilloux-Lafont : de la banque à l'Aéropostale (années 1910-années 1930)

Recension rédigée par Josette Rivallain


Ce livre a été rédigé par un historien spécialiste de l’entreprise et de la Banque. Il rend compte ici de l’histoire d’une banque familiale dont les activités se sont diversifiées, comme d’autres à la même époque, investissant dans divers produits multiformes, y compris internationaux, faisant tourner les finances, le capital ne réussissant pas à prévoir le krack de 1930/1931. Les Bouilloux-Lafont laissent leur nom attaché à l’ouverture des relations aériennes en direction de l’Amérique latine : l’Aéropostale. Leur nom était bien connu en France dans les années 1910-1920, notamment au sud de Paris, à Étampes : deux frères et le fils de l’un d’eux participèrent à l’histoire financière, bancaire, aéronautique et politique des années 30 de la place parisienne à l’époque, développant le métier d’investisseur financier au service d’entreprises orientées vers la stratégie du développement du transport aérien et de ses retombées sur l’industrie aéronautique, à la promotion immobilière et bancaire.

Comme nombre de figures de la finance de l’entre-deux guerres, leurs affaires se sont écroulées, entraînées par la corruption, des batailles politiciennes et claniques, emportées par la chute de la réputation du capital de la place parisienne.

En peu de pages, ce livre retrace la vie de deux générations Bouilloux-Lafont qui, à partir d’une banque locale située à Étampes, la développèrent en Seine-et-Oise, à Versailles, à Paris, étoffant peu à peu leur maillage dans plusieurs régions, sans grande cohésion au moins géographique. Fort de sa position sociale et économique, Marcel Bouilloux-Lafont se fit élire maire à Étampes (1912-1929), conseiller général (1913-1931). Maurice s’implanta dans l’Ouest, obtint la mairie de Bénodet dans le Finistère (1914-1932, centre gauche), et quelques mois plus tard, en 1931, la vice-présidence de la Chambre des Députés.

S’appuyant sur la banque, ils mirent au point une stratégie de développement, particulièrement en direction de l’Amérique latine, devenant actionnaire de la CGA (Compagnie générale aéropostale) créée en 1921 et ouvrant des lignes régulières vers l’Amérique du Sud, et vers l’Afrique, en prenant le contrôle en 1927. Ainsi, ils portaient le pavillon français grâce à un projet cohérent et au développement du trafic, créant des sociétés possédant et gérant les aéroports. Ils se trouvèrent face à la concurrence de la PANAM créée en 1926, liée à une compagnie colombienne à capitaux allemands.

La CGA favorisa les exploits de Guillaumet et de Mermoz, mais le nom des Bouilloux-Lafont n’apparaissait pas. Ces aventures s’appuyaient alors sur la mobilisation de capitaux sur le marché financier et bancaire. Les Bouilloux-Lafont diversifiaient leurs activités notamment vers l’immobilier qui connaissait alors un réel engouement, dans des affaires financières en Amérique Latine. Dès le départ, ces activités financières se développaient en porte à faux, la source d’argent manquant d’ampleur par rapport aux besoins.

La CGA chuta en 1931, provoquant alors la surprise, activités et actifs immobiliers s’avérant trop consommateurs de capitaux, provoquant l’immobilisation. Les comptes de la CGA n’étaient pas assez transparents. Face à la concurrence de la PANAM, au tarissement des crédits, la CGA se déclara en cessation de paiement. L’État exigea la mise en place d’un comité autonome de direction, mais les Bouilloux-Lafont gardèrent une part de leur prestige. La situation se dégrada et la CGA laissa la place à une nouvelle société, avant de disparaître en 1934. A partir de cette date, les liaisons régulières à destinations de l’Amérique du sud furent assurées par Air-France.

Les Bouilloux-Lafont ont été abandonnés, dépouillés, les luttes financières et politiques ont tué l’Aéropostale, et, en 1931, La Banque Bouilloux-Lafont dût fermer ses portes.

Ce livre est illustré d’affiches de l’époque, doté d’un index des noms des personnes citées au fil des pages.