Le pari de l'école : une histoire de l'institution scolaire en Casamance 1860-1960

Recension rédigée par Josette Rivallain


Dans cet ouvrage, l’auteur publie en grande part sa thèse, tout en la remaniant, ayant puisé une bonne part de ses informations auprès des anciens instituteurs. Bien sûr, elle traite des instituteurs africains en Afrique occidentale (les hussards noirs), insistant sur l’histoire sociale de l’éducation, la circulation des acteurs, des idées, des imaginaires dans l’Afrique francophone. Elle insiste sur le poids certain des interactions des imaginaires de l’occident dans l’idée de l’école en Afrique jusqu’à nos jours. Le livre est assorti d’une riche bibliographie choisie.

Il expose l’histoire de l’école en Casamance tout au long de la durée de l’époque coloniale en sept chapitres, faisant le point sur les principes de l’enseignement colonial et des réalités de terrain : avec un tableau de l’histoire de l’implantation de l’école en Casamance (1860-1904), de ses acteurs, des structures et de l’organisation de l’école à la fois en Afrique occidentale française et en Casamance, une rubrique sur l’espace qui y est scolarisé, un tableau des contraintes, sans négliger les demandes de la population en matière de scolarisation.

Dans le Chapitre V, l’auteur développe l’histoire de la scolarisation en lien avec l’évolution de la société et du statut des femmes, également en lien avec les éléments qui sont internes à la société dont le développement de la ville, du commerce, l’installation du catholicisme, les nouvelles initiatives des populations, surtout après 1945, mais aussi les rapports de l’école avec l’état colonial. L’auteur s’appuie ici sur les enjeux politiques locaux et régionaux. En contrepartie, le refus de l’école apparait comme une résistance à l’état colonial, mais est aussi au cœur des luttes de pouvoir (1920-1960).

Comment s‘organise l’école (1903-1960) : quels sont les critères de recrutement, car, dans les faits, elle constitue un moyen d’élévation sociale et qui peut y prétendre ? Il en ressort que l’accès à l’école au début du XXe siècle peut être classé ainsi :

-être catholique

-selon l’origine socio-professionnelle des parents et le statut social

-ne pas être une fille

-l’ethnie

-le lieu de résidence : la ville ou le village

Les difficultés de progresser dans la pyramide scolaire peuvent être énumérées ainsi : inconstance des effectifs, abandon de la scolarité.

Ce long développement s’achève sur les pratiques scolaires, pose la question de l’adéquation entre offre et attente des familles, le poids du travail domestique, notamment pour les filles, les pratiques religieuses, enfin, la question des contenus et des débouchés.

L’étude de la scolarité est mise en lien avec la rébellion casamançaise, associée à l’inadéquation entre la formation scolaire et le marché de l’emploi, dans une région où les populations ont investi dans l’école. Ceci entraîne des frustrations chez les jeunes, après les années 1970, car ils ne trouvent pas leur place dans la société sénégalaise.

Toutefois, globalement, le taux de scolarisation progresse, surtout pour les filles, particulièrement à Ziguinchor où l’école reste un moyen de mobilité sociale.