Outre-mer : histoire de l'expansion coloniale italienne

Recension rédigée par Romain H. Rainero


Il est toujours  difficile de présenter à un public non italien l'histoire coloniale de l'Italie, car il s'agit d'écrire une histoire qui se déroule dans un cadre national qui, apparemment ne possédait aucune des conditions de départ des histoires coloniales des autres Etats coloniaux européens, voire un Etat en bonne santé économique et financière et une situation institutionnelle stable et bien établie. En outre, la naissance d'un Etat italien semble le faire apparaître « en retard » quant à la course aux colonies. En effet lorsque, finalement l'unité italienne se fait, après le 20 septembre 1870, les empires coloniaux, surtout dans le continent africain, avaient déjà été constitués, au moins dans leurs grandes lignes. Donc l'Italie arrive tard, et mal, car son économie en crise et son état démographique en phase continue d'émigration, ne paraissaient guère en harmonie avec certaines ambitions que quelques milieux d'affaires, ou même d'affairistes, prônaient afin de retrouver une grandeur « romaine » qui sera la grande illusion des multiples gouvernements italiens et surtout de celui de Mussolini.

Face aux difficultés que présente une histoire coloniale de l'Italie, Nicola Labanca a rédigé son texte en cherchant à mettre en évidence les conditions vraiment exceptionnelles dans lesquelles cette histoire s'est déroulée. Son choix a été celui de dépasser la chronologie, reine de l'histoire, pour donner au lecteur, italien et français, un cadre de références politiques qui sont bien utiles mais qui concernent plus une histoire générale de l'Italie que son seul côté colonial. Et dans cette optique un lecteur peut se trouver désorienté quant à l'histoire coloniale italienne qui, dans les secteurs géographiques dans lesquels elle s'est manifestée, se présente avec une discontinuité évidente. Sans vouloir privilégier une histoire-bataille, désormais peu appréciée, une histoire de politique coloniale est toujours une histoire des faits et des lieux, et surtout, des problèmes suscités par les résistances indigènes, dans leurs développements et leurs heurs et malheurs.

Evidemment, ces quelques observations sont marginales dans un texte qui  se présente avec une série de références et de notes qui en font un livre d'histoire de l'Italie coloniale, vu par le biais des situations globales du pays. Et ce caractère fait la richesse de cette recherche, tout en exigeant de la part du lecteur, une attention soutenue, le long de ses 630 pages de texte, mais  illustre une Italie sous le jour d'une vision globale dans laquelle les questions sont évoquées dans un cadre documentaire certainement innovant.