L'Afrique atlantique : des origines aux siècles d'or, XVIIe siècle

Recension rédigée par Josette Rivallain


L’historien Jean-Michel Deveau, en 10 chapitres, brosse un tableau de l’histoire de l’Afrique depuis les origines de l’homme jusqu’au XVII siècle. C’est un ambitieux projet.

L’introduction est consacrée aux époques les plus reculées, avec l’apparition des humains, les prémices de leurs cultures, visibles à travers un outillage de plus en plus diversifié.

De là, nous passons sans transition à la première partie qui développe l’histoire de la Sénégambie de ses origines au XVIe siècle, en privilégiant l’approche des royaumes du Tekrour, du Jolof, de Gabou, puis de l’empire du Fouta-Djallon.

La deuxième partie est consacrée aux grands empires de la région : Ghana, Mali, Songhaï, suivie d’une troisième qui isole l’approche des villes de Tombouctou et de Djenné, puis la quatrième, à l’histoire des gens du Fleuve : Peuls, Mandingues Dogons.

La cinquième partie amorce l’approche des royaumes de la zone forestière Bouna, Kong, États akans et la sixième se rapproche de la côte avec la Côte des Esclaves et l’embouchure du fleuve Niger ; puis, résolument plus au sud, le royaume de Kongo avant l’arrivée des Portugais, s’intéressant aux populations, aux routes nord-sud.

La huitième partie examine les intentions et les buts poursuivis par les souverains portugais et notamment Henri Le Navigateur, la neuvième à leur action au Kongo et en Angola. Enfin, l’auteur étudie l’esclavage et les différentes traites. L’ensemble est suivi d’une bibliographie répertoriant des ouvrages généralement anciennement parus.

La lecture de cette publication est déroutante, déjà par son titre car la limite du XVIIe siècle est largement dépassée, par l’ancienneté des publications de référence. L’auteur a le souci de s’élever contre les vieux clichés présentant le continent africain comme un continent où l’histoire n’existe pas, peuplé d’habitants « qui forment une race d’hommes noirs inférieurs en intelligence à la race blanche » en s’appuyant sur les découvertes anthropologiques qui mettent en évidence l’ancienneté du peuplement du continent.

Ces mises au point peuvent surprendre en ce début du XXIe siècle où l’on devrait les tenir pour acquises, alors que l’on prône la mondialisation et que l’on vit un grand brassage de populations. Nombre d’informations paraissent être à revoir, à compléter à la lueur de publications récentes dans chacune des parties du livre. Il est nécessaire de préciser la chrono-climatologie du Sahara dont les variations ont eu un vif impact sur les possibilités de vie d’une grande part du continent. Le modèle d’étude suivi suit de trop près les canons européens ; ainsi les extrapolations sur les modes de vie, de pensée, notamment religieuse, sont à réorienter. Les approches archéologiques ne sont pas à jour et l’attachement à l’importance de l’apparition de la métallurgie du fer doit s’exprimer autrement. L’ancienneté de cette activité, telle que connue actuellement ; la chronologie des grandes étapes du peuplement du continent telle qu’énoncée dans l’introduction est à remettre en ordre.

On aboutit à des juxtapositions de résultats partiels qui ne touchent qu’une partie de la zone atlantique de l‘Afrique, sans réelle justification, ni transition explicatives. L’histoire de l’Afrique ne peut s’établir sur la seule documentation écrite, même si les documents d’archives sont fondamentaux. Elle doit prendre en compte l’archéologie, l’ethno-archéologie, la linguistique, la tradition orale, notamment. Ici, l’étude de l’histoire s‘appuie trop sur des documents du XIXe siècle, et les habitudes de rédaction de l’époque : pour chaque région, quelle qu’elle soit, les écrits sont associés à des descriptions de la société, de la vie quotidienne, économique et religieuse.

Dans l’approche des royaumes de la Boucle du Niger, la chronologie outrepasse la date fixée dans le titre, sans justificatif particulier, introduisant des regards et des réflexions portées sur ces territoires, notamment au XIXe siècle. Pourquoi avoir dissocié Tombouctou et Djenné de ces empires ?

Il n’y a aucune reprise des travaux un peu récents explicitant l’implantation des populations dans la zone forestières et côtière de l’Afrique de l’ouest dès le début du IIe millénaire A.D., pas plus que sur les raisons permettant de comprendre l’afflux de migrants au cours des siècles suivant dans ces mêmes régions. Des remarques voisines peuvent être formulées à propos des habitants de l’embouchure du Niger et même de ceux du Kongo.

L’ouvrage s’achève par un rapide tableau des différentes formes de traite connues sur le continent africain, de certaines réactions locales de leur refus, hélas limitées à la seule traite atlantique, car il en existe d’autres dans les régions centrales du continent.

L’apparition de l’existence de races inférieures nait au XVIIIe siècle en Europe alors en pleine crise hégémonique, découvrant dans les lointains espaces des êtres paraissant alors différents, bien qu’à l’arrivée des européens sur la côte atlantique de l’Afrique, les relations portugais/africains n’aient pas été entachées de ces préjugés.