Afrique, à l'ombre des dieux : collections africaines de la Congrégation du Saint-Esprit

Recension rédigée par Jean Nemo


Don à la bibliothèque de l’AdSOM de l’un de nos confrères, également contributeur à ce volumineux ouvrage et l’un de ses membres du comité de rédaction. Bien que déjà un peu ancien, quelles autres justifications pour en rendre compte ? Car disons-le d’entrée, il mérite que l’on en parle.

Le titre pourrait prêter à confusion : il ne s’agit pas ici et seulement d’une « Afrique à l’ombre des dieux », tels bien des ouvrages d’art consacrés aux arts d’Afrique, mais de l’histoire d’une Congrégation (ou des Spiritains, tels que souvent dénommés), qui fut présente dans de nombreuses contrées africaines, ce depuis les années 1840.

Certes de nombreuses pages sont consacrées à des photos d’arts africains variés, collectionnés sur le terrain à des époques où bien des Européens ou Américains se constituaient de véritables musées. De ce point de vue, les Spiritains étaient particulièrement bien placés, fort proches des sociétés africaines et des hommes qui les composaient. Donc, livre d’art africain, certes.

Mais répétons-le, là n’est pas le seul intérêt de cet ouvrage, qui retrace l’aventure africaine des Spiritains. Dans une longue première partie, l’ouvrage retrace les avancées desdits Spiritains en Afrique, notamment centrale et leur capacité à comprendre les sociétés africaines, en bons anthropologues respectueux des identités des populations rencontrées. Nous n’avons pas, dans cette partie de l’ouvrage, de véritable synthèse mais plutôt des monographies concernant tel ou tel missionnaire.

À ce propos, on peut se demander, cela n’enlève rien à l’intérêt de l’ouvrage, si certains chapitres n’ont pas été repris de publications plus anciennes. Car au moins deux des dix auteurs convoqués sont soit décédés depuis des années, soit dans l’incapacité de longue date de travailler.

Dans une deuxième partie, nous sont exposées, accompagnées de courtes monographies, les œuvres d’art africain, appartenant à la Congrégation ou à divers musées.

Pour conclure, un court article d’un auteur non cité parmi les dix retenus, le Père Bede Ukwuije, « premier assistant du supérieur des Spiritains à Rome », intitulé, titre remarquable, « Aider les Africains à vivre libres ». Dont le dernier paragraphe mérite citation : « Je remercie les missionnaires d’avoir aidé à préserver les objets religieux africains, non seulement comme objets d’art, mais aussi comme symboles du rapport entre le visible et l’invisible, qui structure la vision africaine du monde. Ces objets témoignent de l’effort de donner sens aux énigmes de la vie et de la mort. Ils témoignent aussi de l’impératif, toujours actuel, de l’humanisation des personnes et des cultures ».

Beau livre qui ne déparerait pas dans une belle bibliothèque. Mais livre aussi à lire le carnet de notes à la main, tant il traite de façon originale à la fois l’histoire de la Congrégation et celle des arts africains replacés dans leur profonde signification.