Les Juifs du département d'Oran (Algérie) dans la Grande Guerre

Recension rédigée par Jean Nemo


Comme on l’aura compris dès le titre, il s’agit ici d’une chronique très ponctuellement située dans la géographie, l’histoire, l’évènementiel, celle des Poilus juifs originaires ou habitants des quatre villes indiquées. La dédicace en tête d’ouvrage est d’ailleurs consacrée « À la mémoire de mes deux grands-pères…, soldats de la Grande Guerre».

L’auteur - dont le nom, selon les sources consultées, comprend ou non un tiret, Bel-Ange, Bel Ange ou Belange, on retiendra ici la version retenue dans le titre - a une bibliographie relativement limitée, essentiellement consacrée à des chroniques ou monographies du même domaine : Oran, Mostaganem et leurs communautés juives, le traitement des soldats juifs algériens par le régime de Vichy…

Pour autant, son travail d’historien chroniqueur ne manque pas d’intérêt pour les amateurs d’histoire-chronique, ou comme on le disait autrefois de « petite histoire » à la Georges Lenotre, sans aucun sens péjoratif. Il se limite aux Juifs d’Algérie puis s’étend, pour cause de parenté, à celle des Juifs des Antilles.

Comme il est dit dans un « avertissement » de début du tome 1, les deux ouvrages comportent les « séquences » suivantes : les poilus de natifs de Tlemcen, ceux natifs de Mostaganem, de Mascara pour en arriver, dans le grand sud, à ceux de Géryille ; puis dans le second volume, Oran et ses environs, Sidi-Bel-Abbès et Colomb-Béchar.

De fait, les deux volumes sont consacrés à près de sept-cents « microbiographies ». Évidemment, une telle chronique ou « petite histoire » (toujours à prendre à la Lenotre) ne peut se résumer. On notera cependant que pour chaque « séquence », outre les microbiographies, le cadre environnemental (géographie, sociétés…) est plus qu’esquissé. On notera de nombreuses photos, illustrations et cartes, mais pas d’appareil critique au sens propre.

On laissera donc le mot de la fin à Norbert Bel Ange, dans sa conclusion générale du second volume : « Ce travail n’a d’autre ambition que de lutter contre des mémoires familiales absentes, évanescentes, chahutées, morcelées par le vent de l’Histoire, embellies parfois par quelque descendance fantasque. J’ai conscience qu’il manque à mon travail la dimension psychologique, affective, émotionnelle pour rendre, un tant soit peu, à ces vies enfuies, une certaine épaisseur. »

Bref, un album de famille pour ceux qui l’ont perdu, et le fruit d’années de recherche pour le reconstituer…