Histoire de La Havane

Auteur Emmanuel Vincenot
Editeur Fayard
Date 2016
Pages 792
Sujets La Havane (Cuba)
Histoire
Cote 60.723
Recension rédigée par Philippe Bonnichon


            Une synthèse d’histoire urbaine, sur cinq siècles, du XVIe à nos jours, publiée par un grand éditeur d’Histoire, Fayard, écrite par un universitaire hispanisant : l’ouvrage repose sur une vaste bibliographie regroupant des sources - uniquement imprimées - et des études et publications presque toutes en langue espagnole ou anglo-américaine. Du coup, l’historiographie des américanistes de langue française est fort réduite et des noms qui paraîtraient importants à l’historien français ne sont pas cités. Il est vrai que la ville de La Havane ne les a guère retenus, en tant que telle, que les Français se sont moins intéressés à Cuba qu’à Haïti ou d’autres Antilles ou qu’aux Amériques en général et qu’après tout l’auteur n’est pas historien de formation.

            On pourra alors regretter un peu que, par exemple, l’incidence de l’alliance franco-espagnole pendant la guerre d’Indépendance américaine ne soit pas mieux mise en relief dans les chapitres concernant cette époque : car les crédits que l’amiral de Grasse put trouver à Cuba au bénéfice de sa flotte, victorieuse à la Chesapeake, comme les relais que l’arsenal espagnol offre aux flottes alliées dans ces eaux où l’Angleterre en est dépourvue, comptent pour le succès final de l’indépendance des États-Unis.

            Mais foin des regrets ou remarques ponctuelles que pourraient multiplier les spécialistes. La vertu d’une monographie urbaine, celle d’une capitale, sur un demi-millénaire repose sur la faculté de synthèse de l’auteur qui domine ici pleinement son sujet. Il nous donne une histoire fouillée, très vivante, d’une capitale stratégique liée aux trois continents d’Europe, Afrique et Amérique. Sa vie complexe, sa croissance contrastée, baroque, juxtaposant les contraires est poursuivie jusqu’à nos jours, à l’époque castriste. La Havane inspire les artistes, les voyageurs savants comme Humboldt jadis, les touristes de nos jours.

            Analyses historiques et géographiques contribuent, comme l’architecture, à faire ressortir une âme, devenue collective, et qui, à travers toutes les contradictions du présent, projettent vers l’avenir.

            On doit savoir gré à l’auteur d’avoir entrepris de combler une lacune relative, pour le public averti, d’avoir relevé au fond une gageure, d’en avoir fait une réussite. Tous ceux qui s’intéressent à l’histoire et à la destinée de Cuba ne pourront désormais se passer de cette « Histoire de La Havane ».