De Verdun à Madagascar : lettres de guerre (1914) et extraits (1916-1919) du journal de Raymond Decary

Recension rédigée par Jeanne-Marie Amat-Roze


            L’ouvrage, composé par Yvonne Decary, fille de Raymond Decary, comprend deux parties bornées par la Grande Guerre : la première de 1914 à 1916 se déroule en France, la seconde de 1916 à 1919, à Madagascar.

            A 23 ans, le sous-lieutenant Raymond Decary termine son service militaire quand éclate la première guerre mondiale. Il est grièvement blessé au début de la bataille de la Marne. De juillet à septembre 1914, il écrit régulièrement à ses parents. Yvonne Decary présente vingt-sept lettres, témoignages simples des épreuves que l’officier traverse et des sentiments qu’il éprouve.

            Déclaré inapte au service actif, il apprend que des officiers de réserve dans sa situation sont demandés aux colonies pour relever les officiers partis au front. Il se porte volontaire pour l’outre-mer. Désigné pour Madagascar, il arrive dans l’île en 1916, et commence à rédiger son « journal », qu’il s’efforce de tenir au jour le jour. Il rentre en France en septembre 1919. La deuxième partie de l’ouvrage est composée d’extraits rédigés au cours de ces trois années. Sont associées vie militaire, anecdotes, aventures vécues, explorations et recherches en histoire naturelle : je suis « un naturaliste au pays des merveilles » écrit-il le 11 août 1916.

            Séduit par le pays, il y retourne en 1920, une fois démobilisé, en qualité de fonctionnaire colonial, puis en 1922 comme administrateur. Il devient un naturaliste polyvalent, érudit. La mémoire de Decary est honorée par l’attribution de son nom à de nombreuses espèces animales ou végétales. En 1957, il est élu membre titulaire de l’Académie des sciences d’outre-mer. La bibliothèque du MNHN dispose de l’intégralité du « journal de Raymond Decary » tenu pendant les vingt-huit années de présence sur la Grande Île.

            Raymond Decary, par ses fonctions entre 1916 et 1919 à Madagascar et par son esprit curieux et scientifique, apporte un témoignage original sur la Grande Île dans la Grande Guerre. L’entreprise de publication d’extraits de son « journal » souhaitée par sa fille est symptomatique de l’effet Centenaire.