Les Vendéens au Canada : une épopée migratoire, 1880-1920

Recension rédigée par Philippe Bonnichon


             Une recherche pointue. Un travail exemplaire, d’exploration patiente et fouillée des archives publiques et religieuses, de Vendée, de France, du Canada, et faite de lecture et de restitution des sources privées, de la correspondance, des récits et témoignages de ces migrants vendéens au Canada.

               Un Canada ou la population de souche française et métisse ne représente qu’un tiers des habitants, avant la 1re Guerre mondiale. Un pays immense et vide, ou l’on recense, selon J.-P. Poussou, 162 000 migrants, de 1876 à 1880, 890 000 de 1881 à 1890, 2 400 000 de 1906 à 1915. Un Canada qui a doublé sa population à l’époque de la grande Guerre, mais ou l’émigration française vers les provinces de l’Ouest aura été de l’ordre de 9000 personnes, à peine plus que les 7000 Russes, à mettre en regard des 252 000 Britanniques.

            Sur ces quelques milliers de Français, nous avons, entre 1880 et 1914 un total de 224 civils Vendéens et quelques dizaines d’ecclésiastiques. C’est ce corpus qu’analyse de manière exhaustive et exemplaire l’ouvrage de J. Colleu. Le Français n’émigre guère mais dans la Vendée, hier dévastée par la Révolution, l’appel suscité par les religieux que persécutent les lois de la IIIe République, trouve un écho dans les populations paysannes. Une vingtaine de familles religieuses, dont les Montfortains, renouent alors avec la tradition missionnaire française au Canada. 

            Dans leur sillage vont s’expatrier quelques centaines de Vendéens, en familles qui s’installent vers l’Ouest, au-delà du Québec, dans des concessions à défricher, jalonnées par l’avance du chemin de fer.

            Les pionniers construisent leurs habitations, mettent en valeur les terres, affrontent et ne surmontent pas toujours les épreuves du climat, de la maladie. Les familles venues de Vendée tâchent de garder, malgré les distances, les contacts entre elles. La Grande Guerre ravive le patriotisme. La vie quotidienne prend son relief à travers les correspondances.

               L’auteur compte étendre de la Vendée à l’Ouest de la France l’enquête ici réussie sur nos compatriotes venus au Canada à la fin du XIXe siècle.

            Nul doute que cette suite attendue ne suscite chez le lecteur le même intérêt que cette excellente monographie.