La place de la religion dans la société à Kinshasa et en RD Congo

Recension rédigée par Roland Pourtier


Paru quelques mois après la mort de son auteur, ce livre consacré à la place de la religion dans la société congolaise, principalement à Kinshasa, est une compilation de neuf de ses articles parus entre 1981 et 2010 dans différentes revues éditées dans la capitale de la RDC, notamment La Revue africaine de théologie et Zaïre-Afrique / Congo-Afrique. Prêtre jésuite, historien, démographe, ses recherches et enseignements étalés sur un demi-siècle d’activités au Congo ont fait de Léon de Saint Moulin une référence hors pair dans le vaste domaine des sciences humaines et de l’analyse des réalités congolaises. Les neufs articles regroupés en trois parties (Évolution des appartenances religieuses en RDC ; Le rôle de l’église dans la société ; La perception du mal et du salut), brossent un tableau aux multiples facettes de la place du religieux dans la vie quotidienne des Kinois (habitants de Kinshasa), tableau construit sur la base d’enquêtes sociologiques menées pour la plupart par des étudiants de l’université de Kinshasa dans le cadre de leur cursus universitaire. Les articles apportent des informations très précises sur la méthodologie et les résultats des enquêtes minutieuses conduites dans différents quartiers de Kinshasa. Ils mettent en exergue l’importance de la dimension religieuse dans la vie quotidienne et ses manifestations sociales et politiques.

Léon de Saint Moulin, en conformité avec la doctrine sociale de l’église catholique portée notamment par Jean XXIII et Jean-Paul II, ne manque pas d’insister sur ses engagements en faveur de la population qui souffre : « Les Kinois sont profondément convaincus de la dimension sociale du mal dont ils souffrent. Le salut qu’ils attendent comporte une transformation de l’ordre social qui les écrase » (p. 218). Ses études de sociologie religieuse, échelonnées sur une trentaine d’années, contribuent ainsi à la compréhension de l’engagement des chrétiens, au premier rang desquels les catholiques, dans une arène politique congolaise particulièrement complexe et mouvementée comme l’a montré l’histoire de la RDC au cours des dernières décennies.