Papiers d'Océanie : le fonds Lesson : bibliothèques, archives et objets

Recension rédigée par Josette Rivallain


            Animé du souci de mettre en valeur un fonds unique constitué par deux personnalités de La Rochelle au cours du XIXe siècle, l’auteur, conservateur en chef des bibliothèques de la ville, a organisé une exposition et publié ce catalogue qui rend compte de l’un des plus importants fonds existant sur l’Océanie. Il insiste particulièrement sur les collections de livres, de manuscrits, de cartes, sur l’iconographie rassemblés par deux frères nés à Rochefort et ayant passé de nombreuses années au service de la marine. Le plus jeune, Pierre-Adolphe Lesson, né en 1805, féru de botanique, après avoir été élève chirurgien, a  navigué sur les eaux du Pacifique, notamment à bord de l’Astrolabe sous le commandement de Dumont d’Urville. Il a rédigé des annotations, des rapports, réalisés des dessins, des aquarelles, le tout représentant plusieurs milliers de pages. Ayant traversé de nombreux régimes politiques différents, il est un homme du XIXe siècle.

            Son frère aîné, René-Primevère, pharmacien de marine, naturaliste, né en 1784, a notamment participé au voyage d’exploration de la Coquille entre 1822 et 1825. Il est devenu l’un des notables de la ville Rochefort, a été en contact avec les savants du Muséum de Paris et a constitué une riche bibliothèque qu’il légua à son frère, assortie de recueils de correspondances et de fiches de lecture. Son travail de compilation révèle sa vision propre de l’Océanie, rend compte du poids des récits de voyages antérieurs dans la documentation des savants et des nouvelles méthodes d’archivage de l’époque.

            Les différents ouvrages et  manuscrits de la bibliothèque des frères Lesson renseignent sur le poids et la qualité de la tradition livresque du monde des savants d’alors, les pratiques de lecture et d’écriture de l’époque. Ces livres ont été achetés dans des librairies, ou à des particuliers, ont été reçus en dons, sont parfois couverts de notes, et, nombre d’entre eux ont été collectés dans le Pacifique, souvent le fruit du travail éditorial des missionnaires et des administrateurs coloniaux qui y étaient installés. Ils dressent un tableau de la vision que l’on avait alors de l’Océanie et d’en suivre les mutations. Certains concernent l’histoire locale, la zoologie, et sont souvent illustrés. Les documents des frères Lesson racontent la vie à bord des navires, mélanges d’expériences de terrain, de récits de voyages et de cultures savantes d’une époque.

            Le catalogue se poursuit par la présentation de la collection d’objets, plus particulièrement assemblée par Pierre-Adolphe, venant de Polynésie, de Nouvelle-Zélande. Collectionneur impénitent, cet homme a décrit ses processus de collecte, animé à la fois par la curiosité, mais également par le profit car il en a revendu une partie. Il témoigne ainsi de la réalité du marché d’objets exotiques de l’époque, de son acceptation par les populations locales, ce qui a abouti à la dépréciation du statut traditionnel de l’objet, avec des nuances d’un territoire à l’autre. En 1884, il remit au tout nouveau Musée d’Ethnographie du Trocadéro quelques objets, d’autres à la Société de géographie de Rochefort. L’inventaire après décès a disparu.

            Une place est également faite aux recherches sur la girafe, devenue à la mode en France à la fin des années 1820.