Politique et société : rencontres avec Dominique Wolton

Auteur Pape François
Editeur Éditions de l'Observatoire
Date 2017
Pages 417
Sujets François
1936-....

pape
Entretiens
Cote 61.902
Recension rédigée par Dominique Rézeau


            « Pas facile, pas facile »… confie le pape François à son interlocuteur au terme de l’un des douze entretiens qu’il a accordés à Dominique Wolton, spécialiste en sciences de la communication. Si le pontife entendait par là que son rôle de chef de l’Église catholique était difficile, recenser le contenu des rencontres qui font l’objet principal de cet ouvrage ne l’est pas moins. Le foisonnement des questions et des réponses sur les sujets les plus divers n’est que partiellement ordonné autour des huit grands chapitres du livre qui reprennent les échanges au Vatican entre le pape et D. Wolton, suivis d’extraits de ses discours : Paix et guerre, Religions et politiques, Europe et diversité culturelle, Culture et communication, L’altérité, le temps et la joie, « La miséricorde est un voyage qui va du cœur à la main », « La tradition est un mouvement », Un destin.

            Le plus simple est sans doute d’accompagner l’auteur au fil de ces rencontres et de partager son souci de « communiquer » puisque telle est son ambition. Et de communiquer non pas tant avec le pape sous l’angle de sa fonction, mais avec une personne qui se trouve être le pape, cet homme d’Église argentin profondément croyant qui exerce certes une fonction, mais ne livre pas au fil des pages un message « ex cathedra » et encore moins infaillible.

            Notre auteur se révèle à la fois bienveillant, on sent qu’il est tombé sous le charme de son interlocuteur, mais il tente aussi de l’emmener plus loin. Au cours de l’entretien sur « Europe et diversité culturelle », D. Wolton exprime par exemple le souhait d’une plus grande ouverture de l’Église : « Vous devriez plus ouvrir. Sans faire forcément de l’évangélisation ». Le pape de répondre que l’Église dialogue déjà, depuis longtemps, sans que cela contredise sa mission première qui est l’annonce de la Bonne Nouvelle. Sur l’engagement en politique, le conseil qu’il peut donner est de « de le faire pour servir.  Le faire par amour. Ne pas le faire par intérêt personnel, par cupidité ou pour le pouvoir. Faire comme ont fait les grands hommes politiques de l’Europe. Pensez aux trois fondateurs, Schuman, Adenauer et De Gasperi. Ce sont trois modèles, il y en a beaucoup d’autres ».

            Adepte de la communication, comme l’auteur, François est profondément marqué par la culture latino-américaine, pour communiquer vraiment il faut se toucher, s’embrasser : « Et moi ce que j’aime en Amérique Latine, comme en Afrique, c’est que tout le monde se touche. Par contre, aux Etats-Unis, les beaux sourire mutuels sont souvent autant de distance. Glacial. Personne ne se touche, tout le monde craint le harcèlement ». Le pape « ne boit presque pas » mais reconnaît que le vin égaye le cœur de l’homme, il permet avec le manger de communiquer et de communier.

            Tenant au respect des personnes homosexuelles comme il l’a plusieurs fois affirmé, le pape François ne cède rien sur le « mariage pour tous ». « Le mariage est un mot historique. Depuis toujours dans l’humanité, et non pas seulement dans l’Église, c’est un homme et une femme ». Quant à « l’idéologie du genre », elle repose pour lui sur la peur des différences et de l’altérité.

            Parlant du dialogue à tous les niveaux comme l’essence de la communication, le pape s’en prend à la rigidité, qui rend incapable de communiquer. Prêtres rigides, hommes politiques rigides sont mis dans le même sac ! « Moi j’ai peur de la rigidité ».

            Une des « perles » qui ont plu à l’auteur : « Communiquer c’est  s’abaisser comme fait le Christ avec l’homme ».