Viet Nam, l'histoire politique des deux guerres : la guerre d'indépendance (1858-1954) et la guerre d'indépendance ou Nord-Sud (1945-1975)

Recension rédigée par Jean Nemo


Voici un livre écrit par un auteur qui ne découvrit le métier d’historien qu’après avoir publié, en français, « Le temps des ancêtres, une famille vietnamienne dans sa traversée du XXe siècle », ouvrage de mémoire familiale. Car si l’on en croit les rares informations que l’on peut recueillir sur Nguyen Ngok Châu (même sa date de naissance, selon le catalogue de la BNF, est suivie d’un point d’interrogation), il débuta une tout autre carrière que celle d’historien, celle d’« ingénieur », de « cadre de banque », selon la 4ème de couverture.

L’on sait également que Nguyen Ngok Châu, après des études et une première vie professionnelle en France, est retourné et a vécu à Saïgon jusqu’en 1975, date de l’invasion du Sud-Vietnam par le Nord-Vietnam communiste. Ce qui pourrait expliquer les dates retenues : 1858-1954, longue période dont on voit bien ce que signifie la dernière date, Dien-Bien-Phu, pour la première le débarquement des Français à Da-Nang, début de la mainmise coloniale. En d’autres termes, l’intervalle serait fait d’une longue « guerre d’indépendance ».

En revanche, « la guerre idéologique » qui se serait située entre 1945 et 1975 est plus difficile à cerner. La première de ces dates pourrait être le coup de force des Japonais en mars 1945 et l’affirmation, sous leur égide et celle de l’empereur Bao-Daï, d’une première indépendance. Ou celle de la création par Ho-Chi-Minh de la république du Vietnam. Quant à la seconde, elle pourrait signaler la fin de la guerre « américaine » et l’offensive du Nord-Vietnam communiste contre le Sud-Vietnam ainsi que la conquête de Saïgon. La lecture de l’ouvrage sous revue rend vraisemblables ces hypothèses.

On signalera enfin que l’éditeur, « Nombre 7 éditions » publie normalement à compte d’auteur.

Venons-en à l’analyse sommaire de l’ouvrage.

Un tableau (pages 10 et 11) résume en quelques dates significatives les périodes, les « gouvernances », les noms successifs du pays. Il énumère selon ces trois critères un passé qui remonte au 7ème siècle avant J.C. et le conduit jusqu’à 1975.

Mêlant intelligemment la chronique au jour le jour et les analyses plus générales de géopolitique, Nguyen Ngok Châu (nous ne reproduisons pas dans cette note de lecture les ajouts du quoc-ngu dont l’auteur orne pratiquement tous les noms) conclut dans son épilogue que les États-Unis sacrifièrent dans leur guerre des dizaines de milliers de G I s, sans compter d’innombrables victimes civiles, furent en partie responsables de l’extension de la guerre aux pays voisins, le pays resta communiste, l’un des très rares après 1991, et qu’une abondante diaspora vietnamienne (environ deux millions) se dispersa sur tous les continents.

Certes il ne s’agit pas ici d’un ouvrage d’érudition universitaire. L’appareil critique est mince. Mais Nguyen Ngok Châu a ici écrit sur l’ancien et le récent passé de son pays ce que tout citoyen d’aujourd’hui peut et doit savoir de l’histoire de son propre pays. Et tenter d’y trouver des explications. Venant après un ouvrage de mémoire familiale, cette extension est celle d’un « honnête homme », au sens 18ème siècle de chez nous. Il y a certes matière à discuter, mais pas dans le sens « discussion de comptoir ».