Une parole méconnue : le préambule de l'accord de Nouméa ! : devoir de mémoire, décolonisation, geste fort et destin commun en Nouvelle-Calédonie

Recension rédigée par Jean Nemo


Une quinzaine d’auteurs, dont le directeur de publication, ont contribué à cet ouvrage qui, en guise de prologue, répète l’article 3 du préambule de 1998 : « Le moment est venu de reconnaître les ombres de la période coloniale, même si elle ne fut pas dépourvue de lumière ». Cette référence historique est clairement destinée aux cursus scolaires néo-calédoniens.

Dans son prologue, Frédéric Angleviel déclare : « Le préambule de l’accord de Nouméa, acte de rédemption et de réconciliation, dans le clair-obscur depuis 1998, peut aujourd’hui encore être le ciment identitaire qui permettra de dépasser les antagonismes pour peu qu’il soit demain mis en pleine lumière et étudié concrètement et sereinement par la jeunesse calédonienne ».

Parlons un peu du directeur de publication, né en 1961, à Nouméa. Polygraphe dans le bon sens du terme (l’auteur de la présente recension avait déjà rendu compte de « Poulo Condore » en mars 2020, et nous avions alors noté cette disponibilité pour la science-fiction et pour d’autres régions du monde). En fait, sa bibliographie à la BNF comprend, comme auteur, co-auteur ou éditeur plus de cent références. Sauf erreur, il a enseigné dans son île natale, à l’université de la Nouvelle-Calédonie avant de prendre son indépendance comme « historien libéral ».

Le présent ouvrage se situe donc bien dans le droit fil de sa biographie. La table des matières est peu parlante en ce sens qu’il est difficile d’y retrouver des chapitres. Comptons donc les contributeurs, nous aurons quinze chapitres.

Après un rappel rédigé par Frédéric Angleviel, rappelant le nom d’hommes politiques français de l’époque où fut organisé un avenir pour la Nouvelle-Calédonie (Lionel Jospin, Jacques Lafleur, Charles Neaoutinine…), les premières contributions concernent celles rédigées par Alain Chistnacht, Thierry Lataste, anciens Hauts Commissaires à Nouméa (« Le préambule de l’Accord de Nouméa, une illusion lyrique », « Préambule de l’accord de Nouméa : la promesse était-elle un mirage ? »), suivent celles d’auteurs qui ne participèrent pas aux négociations de l’époque : par exemple Raphaël Mapou.

Suivent des contributions d’universitaires, de spécialistes kanaks de droit coutumier…On remarquera que le énième référendum a fait l’objet ces jours-ci, 26 mai, de pourparlers à Paris sur l’opportunité du troisième référendum prévu par les accords anciens « Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante ? »). 

Comme le « lecteur averti » le notera, cet ouvrage collectif, rédigé pour des scolaires, fussent-ils de la région, tombe en pleine réflexion renouvelée sur cette bribe de colonisation, de décolonisation.

On ajoutera que l’appareil critique est sommaire mais que l’ouvrage tombe bien.