L'océan planétaire

Recension rédigée par François Bellec


C’est une réédition revue et augmentée d’un ouvrage publié en 2010 et aussitôt traduit en anglais à la demande des océanographes américains. Il s’agit en effet d’une somme, d’un compendium qui rassemble sous quelque deux cents entrées illustrées de plusieurs centaines de cartes et de graphiques ce que la collectivité océanographique mondiale sait aujourd’hui des propriétés physiques des bassins océaniques et de l’océan global, dont les résultats du programme international WOCE (World Ocean Circulation Experiment) qui a occupé pendant dix ans les océanographes de 44 pays.

C’est donc un ouvrage du plus haut niveau scientifique, conçu par une océanographe ingénieur de recherche au CNRS et membre de l’Académie de marine. Michèle Fieux est aussi une pédagogue qui a enseigné pendant une quarantaine d’années l’océanographie régionale à l’École Nationale Supérieure des Techniques Avancées (ENSTA). Pour cette raison, ce livre très savant - qui s’autorise des retours sympathiques à Hérodote et Ptolémée, et qui explique les techniques d’observation des données - est à mettre entre toutes les mains de celles et ceux qui s’interrogent sur le fonctionnement de la machine thermodynamique constituée par l’atmosphère et les océans. « La machine océan » selon un titre de Jean-François Minster qui a préfacé l’ouvrage.

Comme toutes les machines à vapeur, cette force de la nature est douce et lente. De l’Arctique à l’Antarctique, des vagues jusqu’aux eaux profondes, chaque bassin océanique joue sa propre partition dans la symphonie de l’océan planétaire. Un concert dont la salle occupe 71% de la surface d’une microbulle dans l’univers en expansion qu’est parti interroger le télescope spatial James-Webb : le globe terrestre.

Une particularité qui, jointe au fait que l‘océan est notre matrice originelle, a forcément quelques effets sur la géographie des Outre-mer.