Quelle Francophonie en Guyane ?

Recension rédigée par Hubert Loiseleur des Longchamps


Sous ce titre sont rassemblées les communications prononcées lors des XIIèmes rencontres internationales de la francophonie organisées à Gourdon (Lot) en septembre 2002. Le délai qui sépare ces rencontres de la publication de leurs actes ne fait pas disparaître l’intérêt des interventions des nombreux orateurs. Parmi ceux-ci, on relève plusieurs membres de l’académie des sciences d’outre-mer, dont le très regretté Jacques Augarde, ancien ministre, Edmond Jouve, l’infatigable animateur de l’Association des Écrivains de Langue Française, ou encore Denis Fadda et Paul Blanc, tous deux présidents honoraires de l’Académie, et Raoul-Philippe Danaho, ancien administrateur de la France d’outre-mer et talentueux poète.

Cet ouvrage offre un large panorama de la francophonie en Guyane. Plusieurs communications sont consacrées à ses aspects historiques et rappellent le parcours tourmenté de ce territoire qui a connu plusieurs établissements : espagnols, français, portugais, anglais, hollandais. Une très utile description des six ethnies amérindiennes débute une rapide présentation des nombreuses communautés peuplant le territoire, dont les plus typiques sont les Noirs-marrons (dont les ancêtres esclaves avaient fui le Surinam pour se réfugier dans la forêt, pratiquant le marronnage), les créoles, les métropolitains et les H’Mong.

Parmi les récits de voyage, toujours très pittoresques, la description de celui de Charles de La Condamine au milieu du XVIIIème siècle par Paul Blanc met en valeur les préoccupations scientifiques de ce voyageur intrépide.

Plusieurs monographies célèbrent les hommes et les femmes qui ont fait la Guyane. Les noms de Galmot, Chadourne, Cendrars, Félix Eboué, Mère Anne-Marie Jahouvey, Gaston Monerville ne donnent qu’un simple aperçu de la richesse et de la diversité ethnolinguistique de la Guyane. A cet égard, l’introduction à la littérature de la Guyane due au professeur Jacques Février met l’accent sur le paradoxe de ce territoire au destin chaotique, écartelé entre les bidonvilles et la misère d’une part, et l’irruption de la technologie spatiale de l’autre. Le peuple guyanais a « la tête dans les étoiles et les pieds dans la boue », nous dit le professeur émérite.

Le tristement célèbre bagne de Saint-Laurent du Maroni fait l’objet de plusieurs communications consacrées au bagne lui-même, et à certains de ses occupants les plus connus. Denis Seznec livre en particulier une présentation très documentée et émouvante du séjour au bagne de son grand-père Guillaume.

Les aspects politiques et administratifs ont aussi été traités lors de ce colloque, qui a été complété par une exposition des arts de la Guyane organisée autour de la conférence, et enrichi d’une sélection de livres, revues et documentations touristiques mis à la disposition des auditeurs.

La publication des actes du colloque de Gourdon sur la francophonie en Guyane était donc indispensable, et constitue une contribution remarquable et essentielle à la connaissance de la diversité culturelle de ce territoire, que liront avec beaucoup d’intérêt ses habitants et connaisseurs, ainsi que les amoureux de la langue française.