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Muschelgeld und Maskentänze : die Kunst der Tolai in Papua-Neuguinea = Shell money and mask dances : the art of the Tolai in Papua New Guinea

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Recension rédigée par Bernard Dupaigne


Cet épais volume de 504 pages, bilingue allemand et anglais et très abondamment illustré, Muschelgeld und Masken-tänze. Die Kunst der Tolai in Papua-Neuguinea (« Monnaie de coquillages et masques de danses. L’art des Tolaï de la Papouasie-Nouvelle Guinée ») est la grande œuvre d’Antje Keim qui fut longtemps conservatrice de la section « Océanie » du Museum Am Rothenbaum à Hambourg, et le fruit de nombreuses missions de terrain menées depuis 2002 dans l’île de Nouvelle-Bretagne en Papouasie Nouvelle-Guinée, dont le groupe ethnique principal est les Tolaï.

Le volume détaille très précisément l’importance de ces monnaies de coquillages dans l’organisation sociale locale, son importance économique et symbolique, tout autant que le rôle des danses masquées, en particulier pour la communication avec les morts. Ces fameux masques d’écorces colorées sont nombreux dans les collections du musée d’Ethnologie de Hamburg. Bien que les rituels des danses masquées qui donnent l’occasion de retrouver les défunts soient l’affaire exclusivement des sociétés d’hommes, l’auteur a pu en comprendre le sens, aidée par de nombreuses personnalités locales, tout en nous assurant ne trahir aucun secret.

Madame Antje Keim nous propose donc de voir danser ces impressionnants masques en comprenant leur rôle. Elle nous offre également une visite à la recherche des plus beaux de ceux-ci dans les différents musées allemands, ainsi que dans la collection privée du marchand et collectionneur d’Amsterdam Loed van Bussel.

Les Tolaï, qui habitent l’extrémité Est de l’île (et plus précisément dans la « Péninsule de la Gazelle »), ont été parmi les premiers habitants de Papouasie-Nouvelle Guinée à avoir été colonisés et évangélisés. De nombreux villageois ont pu être éduqués, recevoir une formation universitaire, et donc intégrer les structures administratives, à des postes quelquefois élevés, avec l’indépendance du nouvel État papou en 1975.

Pourtant, les Tolaï ont su conserver une partie importante de la culture de leurs ancêtres ; elle est encore vivante et authentique. C’est pourquoi Madame Antje Keim a pu l’observer aussi justement, encore aussi tard que de 2002 à 2010. Pour les amateurs, signalons que le texte décrit longuement les anciennes pratiques locales cannibales.

Saluons la démarche du Musée Ethnographique (« Musée des Cultures et des Arts ») de Hambourg qui nous procure une si belle édition, à la fois artistique et ethnographique. De nombreuses autres œuvres tolaï se trouvent également dans divers musées du monde, et, entre autres, à celui du quai Branly. Il nous reste à les découvrir.